mercredi 26 mai 2010

A Hénin-Beaumont, il n’y a jamais deux sans trois !

Ambiance surréaliste ce mardi soir dans les salons d’honneur de l’Hôtel de Ville d’Hénin-Beaumont où s’est tenu un Conseil municipal extraordinaire qui avait pour ordre du jour principal l’élection du nouveau Maire. Le troisième en deux ans. Ce Conseil, qui avait dû être reporté il y a une semaine pour vice de procédure, sentait la poudre. La poudre d’escampette même…


L’annonce soudaine de la démission de Daniel Duquenne de son poste de Premier Magistrat d’Hénin-Beaumont (officiellement pour « raisons de santé »), qui avait précédé celle de son inéligibilité par le Conseil d’Etat, avait fait couler beaucoup d’encre dans la presse locale comme nationale. Et avait en conséquence laissé, toute la semaine dernière, la ville orpheline d’un Maire. Après les tergiversations procédurières grotesques d’il y a exactement une semaine, c’est ce mardi soir que s’est déroulée l’élection du nouveau Maire d’Hénin-Beaumont. Ainsi, ce Conseil Municipal (C.M.) était particulièrement attendu. Parterre de photographes, caméramans et journalistes, présence nombreuse de sympathisants de l’Alliance Républicaine (majorité), du Front National (opposition) ou d’anciens élus, bref, il y avait du beau monde dans les salons d’honneur qui faisaient…salle comble ! Sans compter les citoyens « lambda » d’Hénin-Beaumont ou les observateurs extérieurs, inquiets de la situation politique de la ville-phare de l’Agglomération. Pour accueillir un public attendu nombreux, la disposition des tables du C.M. a été modifiée. Finie la disposition en « U », place au « rectangle fermé » ! Ce qui permet à l’opposition frontiste de faire directement face au (nouveau) Maire et Adjoints. Une nouvelle disposition encore plus propice aux invectives donc. Et des invectives, il y en eut !

Nouveau Maire, vieilles rancunes

Sans surprise, l’opposition ne présente aucun candidat à cette élection en conseil. La majorité, elle, avait choisi depuis plusieurs jours le successeur « naturel » de Daniel Duquenne en la personne d’Eugène Binaisse. Après cet appel à candidature au poste de premier édile de la Ville, Marine Le Pen prend la parole. Elle déclare « la chute du petit système Duquenne » après celle de « Gérard et les vingt-sept voleurs ». C’est que la conseillère frontiste ne digère toujours pas la gestion de la communication autour de la maladie de Daniel Duquenne et crie à la manipulation. « Bizarrement, l’état de santé de Daniel Duquenne vacille juste après le rapport du Conseil d’Etat… » alors que la majorité annonçait « C.M. après C.M., l’amélioration de la santé de Daniel Duquenne » ! Et Marine Le Pen de rappeler que « c’est grâce à lui [Steeve Briois (*)] qu’il y a encore un état de droit à Hénin-Beaumont ! », faisant ainsi référence à la démission forcée, pour inéligibilité, de l’ancien premier magistrat mais également à celle d’Yvelise Dufresnes, elle aussi démissionnaire de son poste d’Adjointe en août dernier, pour la même raison. Puis la vice-présidente médiatique du Front National s’en prend directement au futur Maire, Eugène Binaisse, fustigeant son âge avancé (70 ans). Ce qui est assez cocasse si l’on se réfère à la longévité de son père qui présente quelque 81 printemps ! Paraphrasant une citation du Général de Gaulle, elle demande à ce même Eugène Binaisse si « ce n’est pas à soixante-douze ans (sic) que vous allez commencer une carrière de marionnette ! » Jusqu’alors silencieux, Steeve Briois, chef de file de l’opposition, n’est pas en reste. Il félicite d’emblée la majorité pour la tenue d’un C.M. « dans les formes ». Mais perfide, il ajoute : « Cette fois-ci, vous avez réussi à ne pas convoquer Dalongeville ou Duquenne ! » En outre, l’élu frontiste remet en cause la légitimité de l’élection d’Eugène Binaisse. « 90% des habitants d’Hénin-Beaumont ne vous connaissent pas ! » Il renvoie, ensuite, le futur ex-1er Adjoint à ses propres carences depuis dix mois : amateurisme, absence de rupture (« aucun changement des hommes-clé du système Dalongeville ! »), absence de responsabilité (« vous avez envoyé la patate chaude au préfet ! »), immobilisme (« une ville qui ne se transforme pas, c’est une ville qui se meurt… »). Et de conclure : « Monsieur Binaisse, vous n’êtes pas le Maire qui sortira Hénin-Beaumont de son marasme ! » Pauvre Eugène Binaisse, pas encore intronisé aux manettes de la commune mais déjà vilipendé, secoué par l’opposition frontiste. Et ce n’est pas fini car, comme à son habitude, le Front National va lui réserver pour le vote de son mandat une sortie théâtrale…

Elections procédurières : quoi de neuf ?

Mardi dernier, le Front National lançait tout de go, sur les marches de l’Hôtel de Ville fermé, que la prochaine élection du Maire en Conseil Municipal serait une fois de plus entachée d’une procédure en annulation. Pour une éventuelle troisième fois après les recours en annulation des élections mayorales précédentes, celles de Gérard Dalongeville et de Daniel Duquenne. Face à cette « menace » à peine voilée, la majorité municipale avait rétorqué qu’elle préparerait avec minutie ce Conseil pour pallier toute velléité procédurière du Front National. Cela s’est concrétisé hier soir par des citations litaniques d'articles du Code Général des Collectivités Territoriales. Le Front National n’en a eu cure, sa contre-attaque procédurière était, quoi qu'il en soit, préméditée. Et une nouvelle fois, Hénin-Beaumont n’y échappera pas : jamais deux sans trois ! En effet, après les prises de paroles musclées de Marine Le Pen et de Steeve Briois, le Front National déclare qu’il ne participera pas au vote du nouveau Maire, qu’il fera un recours pour annuler cette élection auprès du Tribunal Administratif. Puis, le Front National se lève et se retire, tête haute, des salons d’Honneur. De retentissants « hourras » des sympathisants frontistes résonnent, timidement masqués par quelques huées outrées de l’assistance. Le clou du spectacle passé, la pression redescend de plusieurs crans. Le Conseil Municipal peut continuer et les différents votes (Maire, Adjoints et représentants au conseil de la Communauté d'Agglomération d'Hénin-Carvin) peuvent se poursuivre avec plus de sérénité. Amputé des conseillers municipaux frontistes, le C.M. ne compte plus que vingt-sept conseillers issus de la majorité. Vingt-sept, un autre multiple de trois. Mais toujours rien de neuf sous le soleil héninois… Car le feuilleton « Hénin-Beaumont » n’est pas près de s’arrêter. L’épisode du jour arrive à sa fin, le spectacle est terminé. Rideau…


*Conseiller municipal d’opposition et ex-tête de liste FN aux dernières élections municipales

1 commentaire:

  1. voilà un article bien rédigé sans parti pris, mais qui nous laisse sur notre faim pour la suite des évènements.
    Si cette nouvelle donne pouvait permettre à la majorité d'être à l'écoute de la population et des commentateurs républicains.
    Si elle pouvait rependre les conseils prodigués sur les blogs et s'appuyer sur des professionnels de la territoriale
    cimares

    RépondreSupprimer