samedi 27 mars 2010

Je suis venu, j'ai vu et... je n'en suis pas revenu !

Incompétence, collusion avec le Front National, absence totale de projets, carence en matière de communication, etc. : la blogosphère héninoise n'est pas tendre avec l'équipe municipale en place depuis près de neuf mois et l'élection de Daniel Duquenne à la Mairie d'Hénin-Beaumont. Ce Conseil Municipal post-"Régionales" de ce samedi 27 mars était une occasion, pour moi, d'avaliser ou non les dires de cette omniprésente blogosphère. Car il faut le voir pour le croire. Adoptant modestement une attitude "césarienne", je suis donc venu. J'ai vu. Et je suis désormais convaincu...


Premier observation "surprenante" : le Maire, Daniel Duquenne, pourtant bien présent lors d'un "meeting" de soutien à la liste Percheron pour les élections régionales quelques semaines auparavant, est toujours aux abonnés absents. "Il aura un jour l'occasion de s'expliquer", répond Eugène Binaisse, le maître de cérémonie "remplaçant", à l'interrogation agacée du Front National sur la nouvelle absence du premier édile d'Hénin-Beaumont. Bien lui a pris d'ailleurs, à Daniel Duquenne, car son équipe, du moins le ticket "Binaisse-Bouquillon", allait subir les foudres de l'opposition frontiste tout au long de ce Conseil Municipal dont l'objet principal était le Débat d'Orientation Budgétaire (D.O.B.).

Un F.N. au front !
D'emblée, le Conseiller municipal frontiste, Laurent Brice, lance à la cantonade un "Nous avons été gentils avec vous. Maintenant, ça suffit !", histoire de donner le ton à ce conseil. Les élus F.N. étaient particulièrement remontés et avaient le regard noir en ce milieu de matinée pourtant éclairée. Dénonçant l'absence de débats sur les sujets principaux (tramway, commerce héninois, sécurité, associations, stationnement et circulation) et de grands projets pour la ville, Steeve Briois s'égosille : "On va encore débattre sur le prix des stylos et de la cantine. Très bien... Vous pouvez démissionner et nous laisser la place !". Et "l'enfant du pays" d'ajouter concernant le vote du Compte Administratif 2009 : "vos sornettes ne sont qu'une pure escroquerie intellectuelle" !
Georges Bouquillon tente bien de prêter main forte à un Eugène Binaisse qui sera constamment sur la défensive avec un "Vous attendez Madame Le Pen pour commencer le C.M. ?". En effet, la "madone" du F.N., en bonne cumularde qu'elle est, était au Conseil régional la veille et s'est autorisée un retard d'une heure en ce samedi matin.

Le show Marine Le Pen : morceaux choisis

Arrivée plutôt discrètement, la benjamine du clan Le Pen a eu droit à une annonce courtoise, qui ne s'imposait pas, de la part d'Eugène Binaisse. "Nous accueillons madame Marine Le Pen !" Le temps de prendre ces marques, de consulter les "documents sur table" et, ça y est, le show Marine Le Pen peut commencer...
Elle fustige d'abord le rapport commandé au Cabinet "Calypse" qui sert d'expertise pour le D.O.B., ce "document indigent" qui présente "des belles images comme du temps de Dalongeville". Un document qui, il faut le reconnaître, n'apporte rien de nouveau et qui a coûté aux contribuables. "On ne fait rien, on ne dépense rien... C'est comme dans l'Hibernatus, on est complètement congelé !", conclut la conseillère frontiste au sujet du "Débat de Rétrospectivité Budgétaire" ! En présence de l'emblématique Marine, Steeve Briois se décomplexe, reprend ses aises et son vocabulaire "grossier" : "Arrêtez de vous foutre de la gueule du monde !" (sic), "vous avez baissé le pantalon devant l'Etat" ! Chassez le naturel, il revient au galop... Autre exemple, la menace. Marine Le Pen n'a pas apprécié, c'est le moins qu'on puisse dire, les quelques coupures de micros qui ont émaillé certaines interventions frontistes. Elle l'a fait clairement savoir au Directeur Général des Services, M. Thibault. "C'est la dernière fois que vous coupez le micro à un élu !". Sur ce, le show Marine Le Pen prend fin. Elle s'est donnée, "son" public en a eu pour son compte et peut repartir satisfait. C'est sans doute bien le seul...

Une équipe municipale aux abois...

Face à la seule opposition du Front National, cela apparaît comme une évidence, y compris aux yeux d'un observateur néophyte : l'équipe municipale ne fait pas le poids. La courtoisie avec le Front National, parti honni pour certains, est toujours de mise. En se focalisant sur ce thème, on repère bien des "On en décide avec vous...", "Je vous remercie", "Merci M. Briois", "Vous avez raison", "Je sais que vous êtes honnêtes !", "Je vous présente mes excuses M. Briois"... Des propos qui sont tous sortis de la bouche du Premier Adjoint. Un Premier Adjoint apeuré, singeant même un homme menotté (genre "C'est pas moi !"), au moment de l'ire de Mme Le Pen sur les coupures de micro... George Bouquillon va plus loin et théorise même la relation entre équipe municipale et opposition frontiste. "Nous ne combattons pas l'opposition, nous répondons à leurs critiques !" Une nuance de taille. Des nuances, le Front National, lui, ne s'en embarrasse pas. Il va droit au but. Plusieurs affirmations visant le 3ème Adjoint de la part d'un Steeve Briois taquin vont donner du grain à moudre aux partisans de la collusion Front National/Alliance Républicaine. "On s'est eu régulièrement au téléphone", avoue Steeve Briois qui va même plus loin dans la "confidence" : "Quand on se voit entre nous, vous prenez toujours acte !" Las, Eugène Binaisse se défend comme il le peut. "le FNAR, ça n'existe pas !". Ou plus, comme le suggère un spectateur attentif et inspiré.
D'un autre côté, la blogosphère fait souvent un procès en incompétence à l'Alliance Républicaine. Malheureusement, on ne peut pas lui donner tort : le rapport rétrospectif du cabinet "Calypse" en est le triste symbole. L'équipe élue reste arc-boutée sur son seul discours de campagne, c'est-à-dire l'assainissement des finances de la Ville. Mais quid du reste ? De plus, les conseillers municipaux de la majorité ont brillé par leur silence. Ils avalisent les votes à main levée mais ne prennent jamais la parole ! Sur le fond, l'équipe municipale ne convainc personne et ne semble pas maîtriser totalement ses dossiers. Ce qui est peut-être le plus grave au final.
Bref, au sortir de ce Conseil Municipal mouvementé, on en ressort abasourdi par ce triste spectacle politique. Un spectacle unique en France dont Hénin-Beaumont a l'entière exclusivité...


Par Pierre Leduc

dimanche 21 mars 2010

Les "scrutateurs" ou les petites mains de la démocratie

Urne, enveloppe, bulletin, feuille de pointage : ces instruments de vote ne sont pas l'apanage des seuls électeurs mais également des "scrutateurs". A travers l'action de dépouillement, ces derniers concrétisent l'expression du vote des citoyens. Lors de ce 2nd tour des Régionales 2010, j'ai été au cœur de ces "petites mains", méconnues, de la démocratie. Récit d'un moment électoral ordinaire.


Dimanche 21 mars 2010, 17h45 : le scrutin du 2ème tour des élections régionales arrive tout doucement à sa fin. J'arrive tranquillement en Mairie de Rouvroy, "mon" bureau de vote, pour apporter comme à l'accoutumé mon suffrage. Mon vote tardif est volontaire car je souhaite, dans la foulée, assister au dépouillement des votes puis à la proclamation des résultats. Ce qui m'intéresse en premier lieu ? Le score du Front National dans ma commune.
Dans le hall, ça ne se bouscule pas. Je dis bonjour, sers quelques mains et me rends donc directement dans l'isoloir. Mon acte de citoyen effectué, je reste près de l'urne et interroge le Bureau de vote sur la tendance de la participation. A peine mieux qu'au 1er Tour (48,08%), m'annonce-t-on.

Tu dépouilles ou tu pointes ?

Je m'apprête à me mettre sur le côté, la clôture du scrutin est imminente, quand le secrétaire du Bureau de vote m'interpelle : "Pierre, on t'a inscrit pour le dépouillement !". Surpris par la soudaineté de l'annonce, je n'en suis pas plus étonné car j'ai déjà participé à plusieurs dépouillements par le passé. Le dernier en date ? Le 1er tour des élections législatives de 2007.
Très vite, les isoloirs sont démontés, les tables des "scrutateurs" montées. En l'occurrence, trois tables pour quatre personnes comme le prévoit le Code électoral*. Sans réfléchir, je me place sur la table la plus proche. Et me voilà en compagnie de trois scrutatrices ! Le "qui fait quoi ?" s'organise naturellement et je partage la responsabilité des feuilles de pointage. Une nouveauté pour moi car auparavant, je ne m'étais occupé que du dépouillement, à proprement parler, des bulletins de vote.

Pointer et tirer un trait !

L'urne est alors vidée de sa substance et les enveloppes sont classées par paquet de cent. En effet, chaque feuille de pointage fonctionne pour cent votes, précisément. Avant de procéder à l'ouverture des enveloppes, chaque table de scrutateurs prend toujours la précaution de vérifier le nombre de bulletins à dépouiller. Le compte est bon ? Et c'est parti ! Avec trois listes en lice, le travail de pointage est facile à mémoriser. A chaque proclamation « nominative » du bulletin de vote correspond un trait sur la feuille de pointage. Un système simple mais efficace ! La difficulté principale réside dans le fait de rester attentif. Les trois tables de scrutateurs sont proches et entourées de citoyens venus assister au dépouillement en direct. Bref, il y a parfois du bruit et il ne faut pas se laisser distraire. Des soupirs de désapprobation accompagnant une série de vote "FN", par exemple. Avec mes trois scrutatrices, on "travaille" vite. La coordination est parfaite : tu retires le bulletin de l'enveloppe, tu annonces à voix haute l'expression du vote et nous pointons. Une belle répartition des tâches, du "Taylorisme électoral" en quelque sorte !

Tendances à table, résultats au tableau

Le dépouillement se faisant par centaine de bulletins, on peut dégager facilement des tendances. A ma table, c'est trois cents votes qui sont sortis de leur enveloppe et qui ont été pointés. Peu de votes "non exprimés" ont perturbé le pointage "litaniesque" des trois listes en présence. Trois en fait, un bulletin "blanc" (vide) et deux nuls. Dans ma tête, je me fais au fur et à mesure mon petit calcul. Grosso modo, cela donne autour de 55% pour les "Forces de Gauche", de 25% pour le "Front National" et de 20% pour la liste "UMP/Nouveau Centre". Evidemment, ce n'est qu'une tendance. Déjà, sur les deux autres tables du Bureau de vote, les chiffres évoluent un peu différemment avec un vote "Forces de gauche" et "FN" plus élevé.
Il faut désormais attendre les résultats des autres bureaux de la commune. A 19h30, le Maire, Jean Haja, lui-même en position éligible, proclame les résultats définitifs. Entre-temps, le Bureau de vote principal de la Mairie s'est bien garni. Le moment est solennel et le verdict tombe : "Forces de Gauche" 60,14%, "Front National" 31,15% et "UMP/Nouveau Centre" 8,71%. L'ambiance est lourde, le score du FN interpelle, claque, fait peur. Mes prévisions se sont révélées finalement basses et ont surélevé le résultat de la liste menée par Valérie Létard. En tant que républicain, j'aurais préféré rester sur mes tendances "de table"…
19 heures 45, il est temps de repartir chez soi. Mes considérations de "scrutateur" sont terminées, place aux résultats nationaux et aux analyses diverses propres à chaque soirée électorale. La carte "régionale" de France va-t-elle évoluer par rapport à 2004 ? C’est une autre histoire...


Par Pierre Leduc


* "A chaque table, l'un des scrutateurs extrait le bulletin de chaque enveloppe et le passe déplié à un autre scrutateur ; celui-ci le lit à haute voix ; les noms portés sur les bulletins sont relevés par deux scrutateurs au moins sur des listes préparées à cet effet." (Article L.65 du Code électoral français)

samedi 20 mars 2010

On parle de "moi" !

Ah la bonne surprise !
La Voix du Nord a fait la promotion de mon "Mot Dit" Blog dans ses pages "Hénin" (évidemment !) et, plus précisément, dans sa truculente rubrique "Autant vous le dire" !
Certes, je découvre ça avec un peu de retard puisque la mention date de l'édition du samedi...13 mars ! Une semaine pour que je me réveille, ça va ! Cela fait d'autant plus plaisir que je n'avais rien demandé !

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Lens/actualite/Autour_de_Lens/Henin_et_Alentours/2010/03/13/article_autant-vous-le-dire.shtml

Encore merci à l'agence héninoise de La Voix du Nord pour ce "coup de pub" gratuit !

mercredi 17 mars 2010

De l'inutilité du "Pôle Emploi" ?

Mardi 16 mars 2010, 8h30 : cela faisait plus de huit mois que je n'avais pas été "embêté" par le suivi mensuel personnalisé du Pôle Emploi. "Grâce" à mon contrat temporaire à la Mairie de Rouvroy qui s'est étalé sur une période de cinq mois.
"Embêté" disais-je ? Eh oui, depuis mon inscription (octobre 2008) au "service public de l'emploi" (à l'époque, encore appelé ANPE), je ne peux pas dire que cela ait changé quoi que ce soit dans ma vie de jeune diplômé "chercheur d'emploi".
Seul le dispositif "Cap vers l'entreprise" auquel j'ai participé peu de temps après mon inscription, m'a permis de revisiter efficacement l'organisation de mon CV. Et puis, c'est tout.
A chaque rendez-vous, j'ai toujours cette impression d'un accord tacite avec "ma" conseillère du type "Je ne peux rien pour vous"/"je n'ai pas besoin de vous". Trois conseillères différentes depuis le début et une fusion ANPE/ASSEDIC n'ont pas fait changer d'un iota mon avis sur la question. En fait, mon "suivi personnalisé" ressemble plus à un pointage du "bon" chômeur qu'à autre chose.

Mais loin de moi de tirer à boulets rouges sur le Pôle Emploi car j'ai toujours su pertinemment qu'il n'était pas adapté à mon profil de journaliste/chargé de communication écrite. A moins que ce soit l'inverse ?

Ce mardi matin donc, c'est un peu en traînant les pieds que je me rends à l'agence d'Hénin-Beaumont. La dernière fois que je m'y suis rendu, c'était fin janvier pour une soi-disant réunion collective d'information sur le "Contrat Unique d'Insertion" (CUI). Là, j'ai l'impression qu'on s'est moqué de moi : un rendez-vous à 8h30 pour voir un agent lire un PowerPoint de présentation de ce nouveau contrat. Le tout devant un parterre très divers composé d'une vingtaine de "chômeurs". A la fin de sa "lecture", soporifique, du PowerPoint, pas de question du public et voilà, c'était fini, merci d'être venu ! La réunion a duré, quoi ?, vingt minutes à peine. Mais je savais désormais que j'étais suis éligible à ce contrat "précaire". La belle vie, quoi !...

Je n'étais donc pas très motivé de revoir ma conseillère, ce matin-là. Toujours ce sentiment diffus mais réel de "honte" que de devoir expliquer pourquoi on est encore là !
Comme d'habitude, je fais un point rapide sur ma situation. La conseillère écoute avec plus ou moins d'attention. Je lui dis que je suis "en attente" constante de réponses de la part d'employeurs, que j'ai rencontré des personnes qui sont censées "appuyer" mes candidatures... Elle tente de me rassurer "ça va venir, ne perdez pas le moral !". Le discours est convenu mais ça fait du bien de l'entendre paradoxalement.

C'est là qu'elle enchaîne sur les offres existantes sur le site du Pôle Emploi. Pour être franc, je m'attends toujours au pire dans ces moments-là ! Je connais bien ce site, j'y vais deux à trois fois par jour. Sans illusion d'ailleurs. Je ne candidature que très rarement à des offres émanant du Pôle Emploi.
Là, elle me sort une offre de "chargé de communication". Je suis, bien sûr, déjà tombé dessus : poste de niveau Bac, payé au SMIC. Pour un Bac+5, de Sciences Po Lille de surcroît, ça fait mal... Devant mon hésitation, ma conseillère me dit "Bon, je vous l'imprime quand même". Ce qui signifie, implicitement, que je me dois d'y répondre... Rappel : deux refus non motivés d'offres d'emploi "imposés" par l'institution publique et c'est la radiation des listes !
Deuxième offre repérée par la conseillère, celle de "rédacteur de presse" à Tourcoing. Celle-là aussi, je l'avais déjà parcourue sans aller au-delà ! J'annonce à ma conseillère que j'avais déjà postulé à une offre similaire de cet employeur il y a quelque temps et que je n'avais pas eu la moindre réponse de sa part. Même un simple accusé de réception de ma candidature ! A peine le temps de dire que cette offre ne me dit rien, qu'elle me coupe par un "Allez, je vous la sors !"...

Après ce moment, pénible, on passe à l'autre aspect pratique du Pôle Emploi, celui de l'indemnisation du chômage. Après vérification de la conseillère et pour huit petites heures (602 heures au lieu de 610 au minimum sur les 28 derniers mois), je n'ai toujours pas droit aux ASSEDIC. Par contre, elle m'annonce que je peux toucher la "prime exceptionnelle" de 500 euros. Bon, c'est toujours ça de "gagner"...
Avant de partir, elle me remet le bilan de ce rendez-vous. Cela ne me sert à rien, en revanche, cela laisse une trace pour la conseillère. Pour le prochain suivi...

Le rendez-vous, qui a duré près d'une demi-heure, s'achève là-dessus. Mon impression est toujours aussi mitigée : certes, ça m'a fait du bien de parler, de dresser un bilan "2010" de ma situation professionnelle mais pour le reste, l'essentiel dirais-je, je ressors une fois de plus avec ce sentiment d'inutilité de ces rencontres dans mon cas personnel.
Le Pôle Emploi ne peut rien pour moi. Après ces convocations de "suivi personnalisé", j'en suis à chaque fois peu plus persuadé...

dimanche 14 mars 2010

Article - Senior "Rencontre"

Une bénévole qui aura fait un carton !


Après onze ans de bénévolat actif,
Mauricette Duboille a décidé de tirer
sa révérence. Reconnaissant, le club
Lannoy de Fives lui a réservé une
bien jolie surprise le 27 mai dernier
en organisant une fête en son honneur.
En lui offrant à cette occasion quelques
présents, notamment une sortie au choix
de la part de l’association Anim’Ages et
des sièges par le club de pétanque, les
séniors du club municipal tenaient avant
tout à rendre hommage au dévouement de
cette bénévole au grand coeur. En effet,
onze années durant, Mauricette
a été responsable de l’activité "Carton
mousse" et Couture ainsi que de bien
d’autres travaux manuels. « C’est en
regardant des magazines de vie pratique
que j’ai découvert ces activités
,
confie la bénévole « 100% » lilloise.
Comme j’aime découvrir de nouvelles
choses, je testais ces activités à la
maison avant de les proposer aux
femmes du club et de voir si cela les
intéressait »
. La succession déjà assurée,
Mauricette retient surtout de ces
années de bénévolat la bonne entente
au club et les belles amitiés formées
tout en ajoutant : « Je continuerai à
venir au club ! De toute façon, les
copines du club m’appelleront toujours
ou me laisseront un petit message pour
avoir une nouvelle idée d’activité ! »

Cette ancienne vendeuse de machine à
coudre et à tricoter aura fait et
continuera donc à faire…un carton !


Par Pierre Leduc (Senior Actualités n°6,
juillet-août 2008)

Article -Senior "Rencontre"

Pour en terminer avec ces exemples d'article "Sénior", voici deux rencontres avec des personnes âgées emblématiques de deux quartiers et "clubs Sénior" lillois.



Si Saint Gabriel m’était conté...

A bientôt 95 ans, Charles Loncle est
le doyen du club "Saint Gabriel" de
Saint-Maurice-Pellevoisin, quartier où
il s’installa en 1972. Retraité des
chemins de fer, il fut un des pionniers
du club municipal : « Avant 1973, il n’y
avait rien du tout pour les retraités du
quartier, c’était triste. Et puis, la
Ville a récupéré le Château Droulers pour
en faire une Mairie de quartier. A la
création du club, on était peut-être trois
ou quatre. C’est grâce au dévouement de
Madame Duvivier, une femme engagée du
quartier, qu’il s’est vraiment
développé. »
. Avec le temps, le club a
beaucoup évolué. Des changements que le
doyen semble apprécier. « Avant, pour faire
des sorties à l’étranger ou pour organiser
un repas, on devait tout prendre en charge
nous-mêmes car on n’était pas nombreux.
Aujourd’hui, le club fonctionne avec plus de
monde, il y a de tout pour se détendre et
beaucoup d’animations sont organisées. Bref,
les anciens ont plus d’avantages que par le
passé, c’est quand même mieux ! »
. Charles
aime beaucoup « son » club où il vient passer
toutes ses après-midi. Il collecte et conserve
même des coupures de presse qui parlent de
Saint Gabriel ! A l’instar de l’archange
Gabriel, intermédiaire entre Dieu et les hommes,
Charles Loncle est cette personne qui assure
le relais entre le passé et le présent du club
municipal. Homme attachant et discret, il est
l’une des « mémoires vivantes » de
Saint-Maurice-Pellevoisin, celles qui font
l’histoire du quartier.


Par Pierre Leduc (Senior Actualités n°5,
avril-mai 2008)

Dossier sur les équipes soignantes (E.H.P.A.D.)

Sans un contexte médiatique quelque peu défavorable pour les établissements accueillant des personnes âgées, je me suis rendu dans une résidence de retraite de l'E.H.P.A.D.(Etablissement Hébergeant des Personnes Agées Dépendantes) de Lille afin de mettre en lumière le métier des équipes soignantes sous forme de témoignages.
Voici l'essentiel du dossier de 3 pages consacrés à ce sujet.



Les équipes soignantes : une grande famille


Structures trop méconnues, les résidences de retraite sont souvent réduites à un milieu fermé où ne se côtoient que maladies, souffrances et décès des personnes âgées. Pour dépasser ces idées reçues, Senior Actualités a souhaité en savoir plus sur le quotidien du personnel de ces structures. Pour cela, nous avons rencontré l’équipe soignante de la résidence Rachel Méresse du quartier Vauban afin de mieux comprendre les différents métiers et la nature du lien tissé avec la personne âgée. Mais bien plus qu’un focus sur cette résidence et son personnel, il s’agit de mettre en lumière le travail formidable exercé, jour après jour, par les équipes de soins des sept résidences de quartier qui forment l’Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) de Lille. Car tout y est fait pour assurer l’équilibre, l’autonomie, la sécurité et le respect de la dignité de chaque résident. Et parce quel’accompagnement de la fin de vie est aussi et surtout synonyme d’émotion, d’humanité et de tendresse vécues au contact des personnes âgées. Du responsable à l’agent d’entretien en passant par l’aide-soignante, l’infirmière ou l’auxiliaire de vie, sans oublier les chauffeurs, tous s’emploient avec complémentarité à donner de la vie à ces structures. Au plus près des résidents, ils forment ensemble une grande famille. Témoignages.


Marie-Pascale (Responsable de la Résidence)
« Je suis un peu la « maîtresse de maison »
car je dois assurer la bonne marche
de la structure entre gestion du personnel
et suivi des résidents. Il faut avoir un sens
inné de l’organisation pour gérer tout le côté
administratif de la résidence. Je suis en
relais permanent avec l’extérieur et, notamment,
les partenaires de la vie sociale comme les
associations. Infirmière dans l’âme, j’essaye de
rester un maximum au côté de la personne âgée
qui est une ressource inépuisable d’énergie : elle
est une histoire à elle seule, elle a beaucoup à
donner et si on sait l’écouter, c’est déjà énorme.
On ne peut pas ne pas être bien car elle nous
attend et a besoin de nous. On ne peut rien
figer dans son suivi, il faut sans cesse s’adapter
à ses besoins. Des projets de vie individuels sont
montés à cet effet. On ne travaille jamais dans
l’ombre car chaque membre de l’équipe a un
rôle complémentaire afin que tout se passe pour
le mieux pour la personne âgée. »



Sandrine (Infirmière)
« Le métier d’infirmière est un métier polyvalent.
Je dois gérer, d’abord, tout l’aspect médical de
la résidence : la gestion de la pharmacie avec la
préparation hebdomadaire des médicaments de chaque
résident, le bilan sanguin ou les piqûres d’insuline…
De plus, j’ai un rôle de référent auprès du médecin
traitant pour décider, par exemple, d’une éventuelle
hospitalisation et j’encadre les membres de l’équipe
soignante pour la mise en place des protocoles de
soins personnalisés. Mais au-delà des soins médicaux,
il y a le rapport au psychique, à la psychologie de
la personne âgée. Il faut être constamment disponible
et à l’écoute des résidents pour répondre à leurs
moindres besoins. Etre infirmière ne s’improvise pas :
il faut aimer le contact humain et savoir énormément
s’investir en gardant, toutefois, la distance nécessaire
avec le patient. »



Amélie et Sophie (Auxiliaires de vie)
« Nous secondons les aides-soignantes dans leurs tâches
quotidiennes comme l’aide au lever et à la toilette,
la préparation des repas ou encore le ménage. De même,
nous prenons part à la vie sociale de la résidence en
participant aux animations et sorties proposées aux
personnes âgées. Ce qui est intéressant à notre poste,
c’est qu’il faut toujours bouger, aider ou communiquer
avec les résidents. Il y a toujours une reconnaissance
avec la personne âgée. On apprend un tas de choses à
son contact : la cuisine, le dessin, le tricot, etc.
Avec toute l’équipe, on essaye au maximum de leur rendre
des services « extra-travail », des petites attentions
qui sont très appréciées comme leur ramener le journal
télé, leur faire certaines courses ou les accompagner
pour une promenade. Par ailleurs, les familles des
résidents peuvent s’adresser à toute l’équipe pour
prendre des nouvelles de leur parent. A la fin de chaque
journée, on a le sentiment d’être utile. »



Christelle et Joëlle (Aides-soignantes)
« En tant qu’aides-soignantes, nous avons plusieurs
cordes à notre arc. Nous sommes chargées, avant tout,
d’effectuer les soins courants sur la personne âgée
comme la surveillance des constants (température,
pouls, tension) ou les pansements, et la distribution
des médicaments préparés par l’infirmière. Nous
nous occupons aussi des soins de confort, à savoir
l’habillage et la toilette des résidents. D’une manière
générale, il s’agit d’établir des soins individuels dans
une collectivité. Le relationnel est une dimension
essentielle de notre métier car il faut instaurer un
climat de confiance par la patience et l’écoute de la
personne âgée. L’attachement rentre toujours en jeu,
ce n’est pas toujours facile d’accompagner une personne
en fin de vie même s’il y a beaucoup de bons moments.
C’est à travers les sourires ou regards complices partagés
avec la personne âgée que notre fonction est valorisée. »



Rose et Lahouaria (Agents d’entretien polyvalents)
« Nous sommes les « petites fées du logis » car notre tâche
principale est de contribuer à ce que le cadre de vie du
résident soit agréable, à travers le nettoyage des chambres,
la prise en charge du linge, du repassage… On aide beaucoup
les auxiliaires de vie, en particulier dans la participation
aux jeux et animations diverses avec les résidents. On tient
compagnie aux personnes âgées toutes les après-midi, ce qui
nous permet de les surveiller et de prévenir tout problème
éventuel. Du fait de notre âge, on a un rapport particulier
avec les personnes âgées parce qu’on a plus de facilité à les
comprendre. Il y a beaucoup de tendresse dans nos rapports avec
les résidents : écouter, regarder, toucher sont les maîtres
mots de nos métiers. Du reste, dans ce type de structure,
différentes générations se côtoient, ce qui permet de créer un
véritable esprit de famille. »



Par Pierre Leduc (Senior Actualités 5,
avril-mai 2008)

Article - Senior "Sport"

Le taï-chi-chuan : une gymnastique équilibrée
entre le corps et l’esprit



Connaissez-vous le taï-chi-chuan ? Un groupe de séniors de l’association Inter Ages s’adonne à cet art martial au Palais des Sports Saint-Sauveur à raison d’un ou deux ateliers hebdomadaires. Et force est de constater que tous les pratiquants, débutants ou confirmés, en ressortent avec un sentiment profond de bien-être…

Pratique ancestrale chinoise
d’inspiration taoïste, le taï-chi-chuan
est un art martial dit
« interne » car il met l’accent sur
la mobilisation de l’énergie interne
et non sur la force physique
pure. Il est souvent traduit
par « la boxe de l’éternelle jeunesse »
ou « boxe avec l’ombre » car
l’observateur a l’impression
que le pratiquant se bat avec
un adversaire imaginaire.

A défaut d’immortalité, c’est
bien la quête de sérénité et de
relaxation qui est recherchée
par les adhérents d’Inter Ages
dans leur pratique du taï-chi.
Sous la houlette de Josiane Thiry,
leur professeur, un groupe
de 22 personnes âgées se réunit
une à deux fois par semaine au
Palais Saint-Sauveur. Quel que
soit le niveau, c’est avant tout
le plaisir qui prime : « Il n’y a
pas de place pour l’esprit de compétition
dans le taï-chi-chuan.
On n’est pas là pour se juger les
uns les autres. Chacun recherche
son propre confort aussi bien
physique que mental, le tout
dans une harmonie collective ! »
,
souligne Josiane Thiry. De
leur côté, les pratiquants ne tarissent
pas d’éloges sur cet art
martial, notamment pour ses
bienfaits sur la santé. « A nos
âges, le taï-chi-chuan est important
pour la mémorisation
et la coordination des mouvements.
C’est aussi très bon pour
les articulations ! »
, constate
Christiane. Bernard, lui, voit
dans « la boxe avec l’ombre »
des vertus de maîtrise de soi :
« Ce sport très gracieux contribue
à renforcer ma détente nerveuse
et mon équilibre corporel. J’y ai
découvert une énergie positive
qui m’aide à mettre mon corps
et mon esprit en mouvement. »
.
Cette complémentarité entre
le corps et l’esprit correspond,
en effet, au principe taoïste du
yin et du yang.

Bien plus qu’une activité sportive,
le taï-chi-chuan peut se
révéler un credo à mettre en
pratique au quotidien !


Par Pierre Leduc (Senior Actualités n°5,
avril-mai 2008)

Article - Senior "Loisirs-Peinture"

Dernière série d'articles "passés". Ils sont tirés de Senior Actualités (supplément de Lille Magazine), une publication dont j'ai géré deux numéros.



A Wagner, les séniors s’en mêlent des pinceaux !


A Lille-Sud, les séniors passionnés de peinture ont trouvé, depuis une
vingtaine d’années, un cadre idéal pour assouvir leur passion : le club
municipal Richard Wagner.


En effet, tous les lundis de
14h à 17h, une dizaine de personnes
âgées suit un atelier de
peinture dirigé par Dominique
Evrard. Pastel, acrylique,
aquarelle ou huile, l’art pictural
est, ici, représenté sous toutes
ses couleurs ! Le tout dans
une ambiance chaleureuse :
« Ici, la peinture se pratique sans
trop de prétentions car il s’agit
surtout de se faire plaisir. Cet
atelier se conçoit plus comme un
échange que comme un cours,
l’apprentissage se faisant par
conseils interposés. Chacun vient
avec son idée de faire et repart fier
une fois son oeuvre terminée. »
,
assure Dominique Evrard. Par
ailleurs, l’atelier peinture est
accessible à tous les séniors
du club, quel que soit leur
niveau artistique de départ.
Des dessinateurs plus aguerris
côtoient donc des personnes
plus débutantes en la matière.
Comme Kréra qui, en à peine
cinq mois de pratique, peint désormais
des tableaux qui ont
de quoi bluffer l’oeil de l’observateur.
« Je n’avais jamais dessiné
auparavant
, avoue-t-elle.
Et aujourd’hui, la peinture est
presque devenue une « drogue » !
J’achète plein de livres de techniques
picturales pour m’améliorer
et, après l’atelier, je continue à
peindre chez moi. A terme, je
voudrais apprendre à ma petitefille
les joies de la peinture. »
. Plus
expérimentée, Laure nous explique
sa manière de travailler :
« Idéalement, j’aimerais peindre
dans la nature mais étant
donné l’environnement proche,
je travaille plus sur des
« natures mortes », c’est-à-dire
que je prends des photos de paysage,
de fleurs voire d’animaux
qui me servent ensuite de modèles.
D’ailleurs, des amis me
demandent souvent de faire des
portraits de leur chat ou chien à
partir de clichés. ».

Si on parle souvent de l’incertitude
de l’art, il existe, en revanche,
des certitudes au sein
de l’atelier peinture du club
Wagner : une ambiance sympathique,
une interactivité
dans les conseils et…le plaisir
de peindre !

Par Pierre Leduc (Senior Actualités n°5,
avril/mai 2008)

samedi 13 mars 2010

Article - "START" Insertion Professionnelle

Un dernier exemple d'article tiré de Lille Magazine. Un papier sur un dispositif d'insertion professionnelle.



START ou comment réussir ses débuts
vers l’emploi durable



Dispositif à vocation européenne, START est un programme
d’accompagnement de jeunes en demande d’insertion professionnelle.


Lancé en mars 2008 à l’initiative de
la Délégation régionale Léo
Lagrange (DRLL) Nord - Pas-de-Calais et
de la Mission Locale de Lille, START est un
dispositif expérimental d’insertion professionnelle
financé à 60 % par des fonds
européens. Projet innovant, START joue les
« intermédiaires » entre un secteur, le bâtiment,
qui peine à attirer des candidats et
des jeunes de 18 à 25 ans qui ont des difficultés
à entrer dans la vie active. Pour son
année de lancement, le programme START
bénéficie d’une convention signée avec la
Fédération française du Bâtiment. L’un des
paris est donc de changer la perception des
métiers du bâtiment qui offrent des choix
d’orientation dans plus de 30 filières et qui
valorisent les compétences et les évolutions
de carrière. Au niveau du « recrutement»,
les participants ont été choisis,
notamment, en fonction de leur degré de
motivation. « On a sélectionné 13 jeunes
Lillois avec des profils très divers allant du
BEP à Bac + 3
, souligne Thomas Gueydan,
coordinateur du START. Ce sont des jeunes
qui ont du coeur et qui ont “faim” ! Ils veulent
vraiment se donner les moyens de
réussir ! »
Concrètement, START se déroule
en trois temps : le jeune doit se
préparer en vue d’un Service
Volontaire Européen (SVE), qui
lui permettra de tester ses capacités
d’adaptation car il devra
remplir là-bas une mission particulière
axée sur une thématique
citoyenne (développement durable,
exclusion, hygiène…). À la fin
de son SVE de trois semaines, le
participant enchaîne avec un autre séjour
plus long en Europe au sein d’une entreprise
du bâtiment dans la filière de son
choix. À son retour en France, il bénéficiera
d’un accompagnement vers l’entreprise,
avec un suivi parallèle de ses démarches de
recherche de logement et de financement
du permis de conduire. Il devra aussi
mettre en place des actions citoyennes en
lien avec la Mission Locale et les centres
sociaux. Toutefois, le programme n’est pas
cloisonné et il est possible d’adapter individuellement
le parcours : « Tout au long du cursus,
il y a un accompagnement direct
du jeune
, déclare Thomas Gueydan. START
fonctionne par étapes mais s’il n’y a pas de
continuité, il existe d’autres passerelles.
Par exemple, selon son profil, le jeune peut
choisir, après son SVE court, de partir directement
en entreprise plutôt que d’intégrer
un SVE long. »
Les premiers départs en SVE
commenceront dès septembre prochain.
START ne délivre pas de diplôme mais un
label alliant expérience en Europe, formation,
actions citoyennes et compétences
dans le domaine du bâtiment. Autant d’éléments
qui valorisent un C.V. auprès d’un
employeur et qui garantissent un accès
favorisé vers l’emploi durable.


Encadré : Témoignage
Karim Azdou, 25 ans, participant au programme START


« J’ai connu pas mal de problèmes d’orientation dans mon parcours
en passant d’un Bac pro “Vente” à une première année de licence “Économie et
gestion des organisations”. Le souci avec ces formations, c’est qu’il n’y avait pas de passerelle vers l’emploi ! Je m’étais lancé dans le tertiaire sans connaître vraiment ce qu’il y avait derrière ! Alors, j’ai dû faire pas mal de petits boulots pour m’en sortir. Et un jour, à la Mission Locale, des amis m’ont parlé de START, et c’est parti comme ça ! Moi qui voulais trouver un métier qui me permette d’évoluer, j’ai redécouvert une autre image du bâtiment. À l’école, on ne m’avait jamais expliqué ce que c’était vraiment ! Avec START, je vais pouvoir acquérir une qualification technique, bénéficier d’un label reconnu et être au contact d’entreprises partenaires. Dans ce projet, on a de la chance d’être suivi et conseillé par le coordinateur du programme ou la Mission Locale. Pour le SVE, je n’ai pas encore choisi le pays mais peu importe, je suis prêt à tout ! En ce qui concerne le choix de la filière, je pense que je me dirigerai dans le domaine de la climatisation. Je suis très motivé car à 25ans, je veux travailler tout de suite et START constitue un peu ma dernière chance ! »



Par Pierre Leduc (Lille Magazine n° 52,
septembre 2008)

Article - Musique Groupe Valentine's Day

Une rencontre avec le groupe lillois qui monte : les Valentine's Day !

http://www.valentinesdaymusic.fr/
http://www.myspace.com/valentinesdaymusic


Valentine’s Day : un son
qui fait battre les coeurs !



Avec un cocktail acoustique de rock, jazz et pop-folk, le
talent musical des Valentine’s Day commence à se faire jour
sur scène et sur le Web. Coup de coeur sur ce quatuor lillois.


Le groupe est né d’un coup de foudre,
celui, musical, qui a frappé Valentine
Derreumaux et Ludovic Fiers en 2004,
lorsqu’ils étaient étudiants au Conservatoire
de Tourcoing. Les talents de pianiste
et claviériste de Ludovic ont alors rencontré
les mélodies et textes en anglais de
Valentine : les Valentine’s Day voyaient
le jour ! Puis, par connaissances interposées,
David Remy, à la guitare, et Johannes
Leroy, aux percussions diverses, se
sont naturellement greffés au groupe, qui
a désormais deux ans d’existence dans sa
formation actuelle. La petite histoire du
nom du groupe est révélatrice de ce qu’est
musicalement le formation lilloise : un
mélange d’originalité aux textes et tonalités
anglo-saxonnes. Le nom « so british »
du groupe tient, en fait, du jeu de mot
subtil qui mêle prénom et initiale du nom
de la chanteuse et traduction anglaise de
la Saint-Valentin ! Dès les premières notes,
on est interpellé par l’acoustique groovy
teinté de pop, jazz et rock ainsi que par la
voix « caressante » et lancinante de Valentine.
« Il y a une véritable démarche de
groupe entre nous : chacun apporte quelque
chose de différent avec ses sensibilités
et influences propres »
, confie Valentine.
Et David de renchérir : « Notre complémentarité
musicale coule de source ! Tout
s’enchaîne naturellement lors des répétitions
ou concerts ! »
Au vu des facéties
entre Valentine et ses trois acolytes, cette
complicité dépasse même largement le
cadre musical et cela se ressent, évidemment,
sur scène où le groupe jouit d’un
vrai capital sympathie auprès du public.

Un groupe au goût du jour

Internet offre, aujourd’hui, de nouvelles
possibilités aux jeunes artistes de se faire
connaître et repérer. Les Valentine’s Day
l’ont bien compris en créant en novembre
2006 une page sur MySpace. « Internet
est le meilleur moyen de communication
pour un groupe, remarque Valentine. On
a des contacts, des fans de partout en
France et même à l’international. Cela
permet une médiation unique avec notre
public. D’ailleurs, la plupart des gens
qui viennent nous voir en concert ne
nous connaissent que par le biais de
MySpace ! »
Avec une moyenne de 300 visites
par jour, 800 en période de forte actualité,
le quatuor lillois fait même partie des
meilleurs écoutes MySpace France ! Sorti
en octobre 2007, le CD 6 titres du groupe
peut être acheté par correspondance, via
le site. Vendu le plus souvent après les
concerts, il est également présent dans
les bacs des Furet du Nord et au Temple
du disque à Marcq-en-Baroeul. En se
produisant, notamment, dans des salles
lilloises comme le Biplan ou L’Antre 2
mais également sur des scènes parisiennes
telles que la Bellevilloise ou la Flèche
d’Or, le groupe commence à faire pas mal
de bruit autour de lui ! Et à séduire aussi
en se faisant remarquer, entre autres, aux
Tremplins « Tour de chauffe », « Talents du
Sud » ou « Keolis ». Signe de sa notoriété
en devenir, la bande des quatre a été choisie
par la Ville de Lille pour représenter la
métropole lors d’un concert à Oujda, la
ville marocaine jumelée à la capitale des
Flandres. Les projets du groupe ? La sortie
d’un album en 2009. « Mais avant ça, on
veut faire un maximum de représentations
dans toute la France
, reconnaît Ludovic,
car les maisons de disque attendent un
“buzz ” avant de sortir quoi que ce soit. À
nous donc de montrer qu’il y a un public
qui nous suit et que ça marche ! »
D’ici là,
les Valentine’s Day continueront assurément
à enflammer les coeurs !


Par Pierre Leduc (Lille Magazine n°50,
juin 2008)

Article - Exposition "Gisants" d'Edouard Trémeau

Un article sur une exposition de tableaux "Gisants" du peintre lillois, Edouard Trémeau, à la chapelle de l’Hospice Comtesse (Lille - avril 2008).


« Gisants » de Trémeau : l’horizon mortel de l’Homme


À travers dix autoportraits couchés, le peintre lillois
nous incite à infléchir notre regard sur la « fin »
de l’autre. Aux frontières de l’intime, l’oeuvre de
Trémeau offre au public une réflexion personnalisée et
personnalisable sur la notion de mort. À corps perdu.


Avec la chapelle de l’Hospice
Comtesse, Édouard Trémeau ne
pouvait rêver de meilleur lieu d’exposition
pour ses « Gisants ». L’artiste concède
lui-même que sa dizaine de toiles « ne
pouvaient être dans un autre lieu que
celui-là »
. En l’occurrence, on peut même
parler d’une véritable rencontre entre une
oeuvre et un lieu dans une atmosphère si
ce n’est religieuse, du moins spirituelle.
Dans cet endroit sacré, le Gisant nous
donne à réfléchir, à méditer sur la vie, la
mort, la résurrection.
Le Gisant est ce corps allongé méditant sur
un état intermédiaire entre le sommeil et
la mort. C’est un thème qui a été peint
dès le Moyen Âge. En « peintre d’idées »
qu’il est, Édouard Trémeau revisite, de
manière originale, ce classique artistique.
Fragmentés, de face ou de profil, ses propres
gisants sont déclinés sous différents
angles, multipliant ainsi les possibilités
d’interprétation, car « chaque toile a sa
globalité propre »
, selon l’artiste.

« Gisant » :
reflet de la mort ?


Avec ses autoportraits, Trémeau devient
son propre sujet de représentation. Tel un
miroir, ses toiles ont comme un effet réfléchissant
sur ce qu’il est ou sur ce qu’il est
devenu à ce stade de sa vie. Alain Tapié,
directeur du Musée de l’Hospice Comtesse
souligne, à cet effet, que « les grands
autoportraits parlent toujours d’une figure
fondamentale, ici celle du gisant. La fonction
première des peintures de Trémeau
est de nous donner à réfléchir car chacun
peut s’imaginer prendre la place de cette
figure en méditation »
.
Si la froideur minérale et l’emploi de
lumières sombres donnent un aspect
mortuaire aux tableaux, l’abandon du
mouvement permet, paradoxalement, de
redonner vitalité à la chair et au corps.
« De l’exposition de ces masses corporelles
impassibles et plus ou moins nues se
dégage un esprit à la fois de continuité
et de permanence »
, conclut Alain Tapié.
Bref, les « Gisants » de Trémeau peuvent
être considérés comme une allégorie de
la mort. Ou de la vie.

Loi des séries

Les « Gisants » d’Édouard Trémeau s’apprécient
en fonction des tableaux précédents
de l’artiste. Son oeuvre se construit
autour de séries : celles des otages, des
murs, des rhinocéros… Dans le travail de
Trémeau, l’histoire a un rôle perpétuel
et incontournable : histoire personnelle,
grande Histoire ou encore histoire de l’art.
Ainsi, on remarque que la représentation
de la « fin » de l’autre est un sujet récurrent
dans ses peintures.
Et puis, fin 2005 sonna comme un déclic :
« Je me suis réveillé un matin en me
disant : “Zut, l’an prochain, j’ai un an de
plus !”
, confie le peintre lillois. Il était
temps pour moi de traduire sur toiles,
l’homme, celui que j’étais, en l’état de son
âge. »
De là, l’idée de faire un « état des
lieux » germa : ce corps debout de 70 ans
fut peint, déjà sous forme d’autoportraits,
en deux triptyques. Puis, « l’animal vertical
qui se regardait devint un être horizontal »
,
assurant une suite architecturale de
la prostration du corps de l’artiste.
Dans « Gisants », c’est un homme debout
qui représente un être à l’horizon de sa
vie. Mais y aura-t-il une suite à cette série,
un ultime « face à face avec la peinture » ?
Mystère…


Par Pierre Leduc (Lille Magazine,
avril 2008)

Article - Ateliers "Amphi-Art" (Parc Zoologique de Lille)

Après quelques interviews, voici une série d'articles "généralistes" que j'ai écrits pour Lille Magazine et Senior Actualités (supplément).
En l'occurrence, voici un article pédago-écologique sur l'année de la Grenouille au Parc Zoologique de Lille !



Ateliers Amphi-art : « coâ » de
mieux pour découvrir la grenouille !



Dans le cadre de l’année de la grenouille au Parc Zoologique de Lille, des ateliers « Amphi-art » ont été mis en place, gratuitement, pour les enfants, à partir de 4 ans. Jusqu’au 31 août prochain, ils auront pour but d’éveiller les plus jeunes au monde des amphibiens et de les sensibiliser à leur menace d’extinction.

Mercredi 13 février, 10 heures : c’est
une petite dizaine de bambins, entre
4 et 6 ans, qui arrivent, pleins d’enthousiasme,
au Parc zoologique pour assister,
une heure et demie durant, à un atelier
thématique sur les amphibiens. Au programme
du jour, la fabrication d’un pensebête
en forme de grenouille !
Regroupés autour d’une table, les enfants
écoutent attentivement Nicolas Dekeyser,
animateur au zoo de Lille. Avant de les guider
dans leurs travaux pratiques, Nicolas
débute son intervention en leur exposant
des images d’amphibiens. Et quand il teste
la distinction visuelle entre un crapaud et
une grenouille, la bonne réponse ne se fait
pas attendre : « C’est un crapaud !, s’écrie
Maël-Ismaël. Parce qu’il a des boutons ! »

Effectivement, la grenouille se démarque,
elle, par sa peau lisse. Sans rentrer dans
les détails, Nicolas explique, ensuite, à son
très jeune public la menace de disparition
qui pèse sur nos amies les grenouilles en
usant d’une métaphore : « Les grenouilles
meurent car elles n’ont plus de maisons. »

Et Elisamel, 4 ans, de réagir : « Il y a des
méchants qui tuent les grenouilles… »
Les
« méchants », Elisamel ne peut pas encore
le savoir, ce sont surtout les pesticides et
la pollution ambiante qui aboutissent à la
perte et à la dégradation des habitats des
grenouilles en zones humides. Ou encore
le champignon chytride, vecteur de maladie
mortelle pour des centaines d’espèces
d’amphibiens.

Les Amphi-art,
c’est (amphi)bien !


Puis vient très vite le temps de la réalisation
du pense-bête, ce « livre où on peut
écrire des choses dedans pour s’en souvenir »
,
comme l’explique Antoine, 6 ans.
Dans une ambiance bon enfant, les petits
s’en donnent à coeur joie : découpage,
coloriage, collage, assemblage… et voilà,
tous ont leur pense-bête en forme de
grenouille !
Au détour d’une conversation, en plein
ouvrage, Amézia confie : « J’ai déjà vu une
grenouille en vrai. Elle était dans mon jar-
jardin, mon papa a pris une épuisette et on
l’a remise dans l’eau ! »
Un comportement
écologique déjà intégré dans l’esprit de
cette fillette de 6 ans !
À peine le pense-bête terminé qu’il est
déjà temps de repartir avec les parents,
tout heureux d’avoir pu laisser leurs progénitures
s’activer dans un atelier à la
fois ludique et pédagogique. Certains
reviendront dès le lendemain, profitant
d’une offre d’activités plus dense en
période de vacances scolaires. « Les
demandes d’inscription à ce type d’atelier
sont de plus en plus fortes »
, constate
Thierry Dumoulin, responsable Animation
du Parc zoologique. On bénéficie,
sans doute, de la montée de l’intérêt des
questions environnementales dans la
société. Alors, mieux vaut commencer la
sensibilisation dès le plus jeune âge ! »

Avec leurs ateliers Amphi-art, le zoo lillois
a de « coâ » éveiller les enfants à la
nature et à la préservation des espèces
d’amphibiens.

Par Pierre Leduc (Lille Magazine n°48,
Avril 2008)

Interview de Guy Le Flécher (Rédacteur en chef de Lille Magazine)

Dans le cadre de mon mémoire de stage sur la presse municipale ("Presse municipale : des journalistes comme les autres ? L’exemple de Lille Magazine."), j'ai sollicité mon maître de stage, Guy Le Flécher, pour parler de cette notion de "presse municipale". Un entretien passionnant (longue d'une heure quinze !) sur le journalisme institutionnel !


Pierre : Que pensez-vous de la notion de « journaliste
territorial » ?

Guy Le Flécher : Je vais, plutôt que de parler des journalistes territoriaux, parler de ma propre expérience, ce sera un exemple comme un autre puisque moi, je suis arrivé en mairie en 1986. Ça fait donc 22 ans. A l’époque, on ne parlait absolument pas de journalistes territoriaux, la notion-même n’existait pas. Ce qui se passait généralement, partout en France, c’était encore les débuts des journaux de collectivités, c’était de recruter à l’extérieur. Donc, moi qui étais à La Voix du Nord à l’époque à Denain et Valenciennes, j’ai été débauché par le Directeur de cabinet de Pierre MAUROY pour m’occuper du journal municipal et ça se passait généralement comme ça à cette époque-là, c’est-à-dire que la plupart du temps, les journaux municipaux ont remplacé les bulletins, ce qu’on appelait les bulletins municipaux où on y mettait essentiellement les compte-rendu, non même pas les compte-rendu toutes les délibérations des conseils municipaux plus quelques informations pratiques et c’est devenu, c’était à peu près dans l’ère du temps au milieu des années 80, des vrais journaux municipaux qui étaient fabriqués par, généralement, des journalistes professionnels qui venaient de la presse, de la presse traditionnelle entre guillemets. Et, aujourd’hui, il faut bien reconnaître que la presse des collectivités territoriales, de par le nombre d’exemplaires, quasiment toutes les villes même les plus petites ont leur journal, le tirage, hyper important puisque généralement c’est du toute boîte, c’est donc quasiment 30 à 40 millions d’exemplaires et par le tonnage de papiers imprimés : c’est devenu la première presse nationale. Ensuite, il doit y avoir, certainement, en tirage, la presse gratuite, et puis ensuite la presse traditionnelle PQR, nationale et puis hebdomadaire. Donc, tu vois à l’époque, quelque soit l’orientation municipale, de droite ou de gauche, on faisait appel, on débauchait des journalistes qui étaient, peut-être un peu connus, qui avaient une signature, qui avaient peut-être un certain talent reconnu et que ça rendait service à tout le monde. Moi, ça m’a rendu service parce que plutôt que de faire la route tous les jours jusqu’à Valenciennes de Lille où j’habitais. Ça rendait service également au cabinet du maire de l’époque puisque ça lui permettait de déléguer quelque chose qui devenait important, c’est-à-dire communiquer, et puis donner une information grâce à des journaux municipaux puisqu’en fait informer, c’est devenu un service public, quoi ! Ca a commencé à s’affirmer dans ces années-là et puis, bah maintenant c’est plus que jamais d’actualité. Donc, on ne parlait pas de journalistes territoriaux. D’ailleurs, je pense que les filières créées dans les écoles de journalisme sont récentes. Ça permettait donc à des municipalités ou à des conseils généraux, régionaux et autres de faire de l’information grâce à des journalistes professionnels. Des journalistes professionnels qui, du coup, amenaient dans ces collectivités leurs compétences mais également leurs regards, c’est-à-dire que bon, ils expliquaient à monsieur, madame le maire, que c’est peut-être pas nécessaire d’avoir 27 photos du maire et puis qu’on pouvait avoir un point de vue un peu différent même s’il était complètement conforme sur la vie locale. Souvent, les cabinets de l’époque, toujours quelque soit la couleur politique, ont recruté des journalistes professionnels. Je prends l’exemple de Lille : le directeur de cabinet de Pierre MAUROY était un journaliste professionnel, la directrice de publication du journal municipal, qui était adjointe au Maire à la culture était une journaliste professionnelle diplômée de l’ESJ, le directeur de la communication de l’époque était un journaliste professionnel qui venait du Dauphiné Libéré et moi-même, journaliste professionnel après une expérience au Matin de Paris, Matin du Nord, Voix du Nord. Le recrutement qui a continué ensuite, ici en Mairie : Sabine DUEZ, qui était journaliste à La Voix du Nord et Valérie PFAHL, également journaliste professionnelle et dernier recrutement en date, ça avait été un recrutement fait par Martine AUBRY, c’était Pascal PERCQ qui était directeur du service Démocratie participative et qui, lui, a 25 ans d’ancienneté à Nord-Eclair. Elodie De VREYER qui a été embauché également est une ancienne de Nord-Eclair. Donc tu vois, il y a malgré tout, même si dans les années 80, 90, il y avait un fort débauchage, ça continue, quoi ! Il y a quand même une lignée parce que bon, tu imagines que pour débaucher un journaliste, même si ça peut poser quelque fois des problèmes d’égos entre journalistes, il n’empêche que ça rend quand même des services, autrement les municipalités ne le feraient pas. A Villeneuve d’Ascq, ils ont également embauché une ancienne journaliste de Nord-Eclair au service Com’. Il y avait aussi l’ancienne attachée de presse de Pierre MAUROY qui était une ancienne journaliste comme moi au Matin du Nord. Et l’exemple que je te donne sur Lille, il est valable pour plein de villes où si tu t’intéresses un peu à ça, tu verras qu’il y a eu un débauchage, à droite comme à gauche…


Pierre : Un tournant ?
G.L.F. : Oui, c’est-à-dire qu’il fallait communiquer et faire des journaux, il n’y avait pas de personnel municipal qui était formé ou que ça intéressait donc on recrutait comme ça en contractuel. Même à l’époque au gouvernement, celui qui faisait les discours de Pierre MAUROY quand il était Premier Ministre, Thierry PFISTER, c’était un ancien journaliste du Monde. Et donc y’a toute cette période…et je pense qu’encore actuellement, regarde Catherine PEGARD, qui était rédactrice en Chef du Point elle travaille pour Sarko, BENAMOU qui travaillait pour La Provence a aussi été débauché…Donc je ne sais pas s’il y a des journalistes territoriaux ou alors il faudrait voir de près la formation qui est donnée. Comment on forme un journaliste territorial ? Je ne sais pas. Ou alors il y a des journalistes qui viennent de la presse traditionnelle qui deviennent des journalistes pour des journaux territoriaux. Dans ces cas-là, il y a toujours, tu vois, certaines prérogatives, certaines susceptibilités, tu vois, qui font que les politiques aussi doivent s’en accorder.


Pierre : Et si on revenait un peu sur l’historique du journal municipal de Lille, qu’est-ce qu’il y a eu avant Lille Magazine ?
G.L.F. : En fait, ce qui a servi de journal municipal pendant des années, c’est-à-dire depuis que Pierre MAUROY est devenu Maire en 1973 jusque 1995, ça a servi de journal municipal mais c’en était pas un, ça s’appelait le Métro. Le Métro, pourquoi, bah c’était dans le cadre de la construction de l’infrastructure MétroVal et tout et en même temps de la construction politique qu’avait Pierre MAUROY à l’époque de faire une grande métropole. Donc Métropole, Métro, le Métro. Et ce journal-là, qui servait de journal municipal, qui était distribué dans toutes les boîtes aux lettres, était en fait un journal géré par une SARL de presse et financé par de la pub. En 1995, avec les nouvelles lois, tu vois, sur la législation financière, il a fallu remettre tout ça à l’ordre du jour et on a créé pour la première fois un journal municipal à Lille. Alors que la Ville de Lille était une des pionnières en France dans la création d’un journal municipal, entre parenthèses qu’il n’était pas, c’est finalement en 1995 que tout ça, avec pour se mettre en conformité avec la loi sur le financement des partis politiques et autres, qu’on a créé le journal municipal, qui à l’époque s’appelait Nous, Vous, Lille. Ca permettait de faire un jeu de mots. C’est moi qui avais trouvé ce titre-là. Et ça reste grosso modo la ligne éditoriale du journal : « Nous » Ville de Lille, on a des choses à dire à nos concitoyens, des informations à apporter, des services à faire connaître ; « Vous » lillois, vous faites des choses dans la Ville, vous participez à la Ville, vous créez des commerces, vous créez des entreprises, vous créez des associations, vous faites des choses et tout ça… Et « Nous » plus « Vous » ensemble, on fait « Lille ». Donc grosso modo, ça reste la ligne éditoriale du journal actuel. C’est pour ça qu’on a nos pages « Rencontre » à la fin du journal où on met en valeur des gens qui participent aussi à la renommée de Lille parce que c’est pas seulement que les élus qui ont des propositions et tout ça, qui travaillent à la construction de Lille et que tout ça c’est un ensemble. On s’est aperçu assez rapidement que Nous, Vous, Lille, d’abord le jeu de mots que j’avais trouvé, dont j’étais très fier, peut-être était trop intello et que ça passait pas, que les gens ne comprenaient pas Nous, Vous, Lille mais comprenaient le "Nouveau Lille". Souvent, on avait des appels : on veut parler au "Nouveau Lille" etc. Finalement, on a voulu… et puis on a fait une petite enquête et on s’est aperçu que beaucoup de gens confondait tout ça et que ça passait pas forcément ! Alors qu’on l’avait expliqué dans le journal, dans l’édito, ce qu’on voulait dire Nous, Vous, Lille. Bon, jeu de mots qui ne passait pas, c’est possible et du coup, on a changé et on l’a appelé tout bêtement, tout simplement Journal de Lille.


Pierre : En quelle année ?
G.L.F. : Alors, ça, Nous, Vous, Lille, on l’avait créé, après les municipales de 1995. On a dû tenir un an ou deux et puis après on est passé très vite au Journal de Lille. Et puis, on a fait le Journal de Lille jusqu’en, Martine AUBRY a été réélue en 2001, jusqu’en 2002. Pourquoi
2002 ? C’était au moment où notre appel d’offres arrivé à terme et donc qu’il fallait en faire un nouvel. Et du coup, on a décidé de relooker complètement le journal. On est passé d’un format tabloïd au format actuel, pas tout à fait Le Point mais plus proche de celui de Marianne, et puis avec un relookage, un nouveau rubriquage, des nouvelles couleurs, etc. C’était à l’occasion… il fallait montrer une rupture, quoi. Martine Aubry venait d’être élue, on a terminé l’appel d’offre avec notre ancien maquettiste, imprimeur et tout. Donc, on a voulu faire du nouveau, on a un peu transformé le logo, faudrait que je retrouve l’ancien. On a essayé de le mettre en connexion, alors qu’à l’époque, on ne l’était pas autant, avec le Net. On n’avait pas un très bon site à l’époque. On a essayé, quand même, de mêler les deux, ce qui ne se faisait pas du tout à l’époque. Maintenant, y’a pas un journal où il n’y a pas l’adresse du site dans le titre. Avant, ça se faisait pas. Et tu vois même actuellement, regarde Le Point, il est de mai 2008, et ça c’est petit. Tandis que nous, « Magazine » et les 3 w, c’est quasiment la même taille. Et donc ça, on l’avait fait en 2002. Donc relookage, nouveau rubriquage et puis voilà, quoi ! On faisait avant avec le Journal de Lille 18 pages ; après on est passé à 36 comme on a changé d’imprimeur qui ne pouvait pas faire du 36 tout bêtement ça nous a donné l’opportunité de faire du 40, et puis voilà, quoi. Et puis quelques fois, du 48, oui. Voire même, on a fait un numéro de bilan de mi-mandat en 2005 qui était un 64 pages.


Pierre : Et justement, le rapport au Maire, et aux adjoints, comment ça se passe au niveau photographique, rédactionnel ? Comment ça fonctionne tout ça ?
G.L.F. : Si tu veux, on essaye de maintenir une ligne qui est aussi pratique dans la mesure où Martine AUBRY n’a pas délégué la communication à un adjoint. Nous dépendons directement d’elle. Si bien que, je pense que le lillois comprend bien que Lille Magazine, c’est le journal de Martine AUBRY. Comme avant, c’était le journal de Pierre MAUROY. Donc, on dépend du cabinet, tu vois. Après, à étudier plus finement. (Nous, on a jamais fait de sondage, on a jamais fait tout ça) si le citoyen considère que Lille Magazine, c’est le journal de Lille, de la municipalité ou de Martine AUBRY, tu vois. Il est évident que dans les tous premiers numéros du Lille Mag’ tel qu’il est, Martine AUBRY, qui venait d’être élue, qui était encore jeune maire, il fallait la faire apparaître un peu plus que ce qu’on pouvait faire avant avec Pierre Mauroy qui était plus connu, reconnu, etc. Il faut dire aussi que Martine AUBRY, qui est quand même beaucoup plus présente à Lille dans les manifestations, de la plus petite à la plus grande, que ne l’était avant Pierre MAUROY, qui n’en avait pas besoin, quoi, il en était à son 3ème ou 4ème mandat, il en avait pas besoin. Il pouvait déléguer à untel ou untel, tu vois. Les apparitions de Pierre MAUROY, elles étaient beaucoup plus rares que ne le sont celles de Martine AUBRY. Parce que Martine AUBRY, elle est partout : à Lille Plage, tu l’as vu avec LAGERFELD, à tous les vernissages. Pierre MAUROY, il faisait un vernissage de musée sur cinq. Martine AUBRY y est systématiquement. Donc forcément il faut aussi rendre compte de l’activité du Maire, les gens le savent, ils le savent très bien : elle est dans les quartiers, dans les réunions publiques, et tout. Donc, bon, évidemment, le problème c’est qu’il ne faut pas… puis il faut tenir compte du fait que nous, on est mensuel, on a 40 pages. Mais si tu comptes sur un mois, 30 jours, 30 parutions de La Voix du Nord ou de Nord-Eclair, c’est la même chose. Oui, tandis que nous, si on mettait en photo toutes les manifestations, enfin Martine AUBRY à toutes les manifestations auxquelles elle assiste, il faudrait en mettre quatre par page ! Donc évidemment, c’est ça qu’il faut faire gaffe, parce que nous, on est un petit journal, 40 pages, distribué une fois par mois, il ne faut pas non plus lasser le lecteur etc. Mais La Voix du Nord ou Nord-Eclair publient au moins trois fois plus de photos de Martine AUBRY que nous.


Pierre : Après une étude de la présence de Martine AUBRY dans Lille Magazine sur plusieurs mois, il a quelques numéros où il y en a un peu plus mais en général c’est 5 ou 6 photos dans les premières pages…
G.L.F. : Dans les pages « Actu ». Nous, on essaye de valoriser sans… C’est parce que les gens s’en rendent pas compte, quoi. Il y a plus de photos, d’archives photo de martine Aubry à La Voix du Nord ou Nord-Eclair. Ca doit être quatre fois ce que nous on doit avoir, quoi. Enfin, nous, on ne publie pas tout non plus. Mais c’est aussi le travail du photographe, du journaliste photographe, c’est aussi, systématiquement dans les manifestations, de prendre les personnalités présentes, c’est un minimum, quoi. Regarde aujourd’hui, Daniel RAPAICH, il fait le tour des centres aérés, forcément il y a 2 ou 3 élus, donc forcément ils vont se retrouver sur les photos, quoi.


Pierre : Quelles sont les relations avec le cabinet dans la réalisation du journal ?
G.L.F. : Alors, comment ça marche ? Bah, tu l’as vu ! On se réunit, on fait le sommaire dans la mesure où ici, on est quand même un petit peu des anciens qui avons l’habitude des choses et qui suivons l’actu chacun dans nos domaines. On voit grosso modo les grandes échéances d’actualité du mois à venir. Et chacun est informé dans son domaine, tu vois. Donc, Valérie, elle suit un peu plus ce qui est environnement ou bien quartier, elle a son réseau, elle est bien au courant, elle a des informateurs, son carnet d’adresses. Sabine, c’est autre chose. Donc tu vois, si bien qu’on arrive à bâtir un chemin de fer, qui grosso modo, jusqu’à présent je n’ai jamais vu le contraire, est acceptée par la Directrice de Cabinet. Et à partir de là, et bien chacun travaille. Les journalistes, les photographes ensemble, séparément etc. Tout arrive ici et moi, je relis systématiquement. Je fais porter les articles à Violette (Note : Violette Spillebout, Directrice du Cabinet) que j’ai rencontré, à qui j’ai déjà présenté le chemin de fer et puis elle relit, elle relit elle-même ou elle fait relire par qui elle veut, enfin après ça me revient. C’est corrigé, donc tu l’as vu, y’a jamais grand-chose comme correction. Voilà, et puis à partir, au fur et à mesure que les papiers arrivent, tu vois, comme on a plutôt l’habitude, que j’ai confiance en l’équipe et je pense que le cabinet a confiance en l’équipe. Je peux me permettre d’envoyer les papiers même avant qu’ils ne soient relus. Après, ce sera des petites corrections, tu vois. C’est jamais un papier en disant non, nul à refaire ou bien sujet qu’on ne traite pas et tout donc je ne prends pas trop de risques. Je sais que y’a un ou deux petits mots, une précision, et puis, c’est tout. Je le fais fabriquer, et voilà. Martine AUBRY, elle voit la Une du journal. A chaque fois, je lui en soumets 3 ou 4. Et puis, elle décide et elle relit l’édito.


Pierre : C’est vous qui l’écrivez ? Depuis le début ?
G.L.F. : Oui, depuis toujours. L’édito, je le fais un peu avant le bouclage et je le soumets à Martine AUBRY. Je fais une proposition d’édito à madame le maire et puis, ça me revient. Quelques fois, y’a des rajouts, bon là, y’a eu des suppressions. Alors que j’essaye toujours de maintenir la même chose. Donc du coup, l’édito est plus court que d’habitude cette fois-ci, sur la version papier.


Pierre : Comment ça s’est passé durant la période électorale ?
G.L.F. : Il y a une loi très stricte en matière de communication en période électorale si bien qu’on l’a appliqué complètement, on a fait en sorte de ne pas valoriser… Même la Ville, on ne peut pas la valoriser, tu vois. On ne peut pas dire, je me souviens parce que bon, pendant un an avant les élections, tous les journaux ont été relus par un avocat, l’avocat de la Ville, tu vois. Et, je me souviens d’un exemple concret, c’est au mois de septembre l’année dernière, j’avais titré sur la « Grande Braderie de Lille ». Et puis donc, il m’appelle et il me dit
« Grand », c’est valorisant. Tu vois mais les gens, ils disent ça « la Grande Braderie. C’est dans l’appellation commune de la braderie. Et du coup, j’ai retiré, bon, j’ai mis « la Braderie ». Tu vois, parce que c’était valoriser, du coup, la Ville de Lille. Donc, on a fait extrêmement gaffe à ne valoriser aucune initiative. On ne disait pas que « la Ville est belle », « elle est agréable », on ne disait rien. On disait pas qu’on faisait des travaux pour embellir mais « c’est des travaux », quoi ! Là, ce n’est plus la peine de s’amuser à faire du style ou de l’écriture qui rend compte des faits où on a fait dans la simplification, et puis voilà. Donc, on l’a fait, on l’a respecté strictement. Après chacun d’entre nous était libre en tant que citoyen, en dehors de ses heures de travail, de s’investir ou pas. Chacun l’a fait selon son goût, ses envies, sa conscience et puis voilà. Mais c’était pas le Rédacteur en chef du journal, c’était pas le Directeur adjoint, c’était en mon nom.


Pierre : Avez-vous votre carte au Parti Socialiste ?
G.L.F. : Oui, moi oui. Mais personne ne l’a demande. Y’a pas d’obligation… Lors de notre première rencontre, j’ai bien senti que tu n’étais pas un jeune de l’UMP. Donc, tu vois, ça se sent, ça se voit. Après, je vais pas te dire, faut que tu prennes ta carte au PS. D’abord, c’est illégal. Y’a quand même des lois. Mais avant, c’était pas comme ça. Avant, tu rentrais en Mairie que si t’avais ta carte. De même que quand tu rentrais à la Mairie de Paris que si t’étais carté au RPR. C’était vrai pour tout le monde. Y’a aucune différence là-dessus, enfin à l’époque, entre la gauche et la droite. Chacun amenait ses affiliés, ses équipes. Maintenant, il ne serait plus question de ça, quoi.


Pierre : Y a-t-il déjà eu des remarques de l’opposition sur le Lille Magazine, qui serait trop pro-Martine AUBRY ?
G.L.F. : Non, parce que je pense pas qu’on aille dans l’excès non plus, tu vois. C’est peut-être aussi pour ça qu’on nous fait confiance en tant que journalistes, c’est qu’on n’est pas des propagandistes, tu vois, c’est pas… Tu connais le journal du PS ? L’Hebdo des socialistes, tu l’as déjà lu ? C’est fait par des journalistes. Quelques fois, c’est plus de la propagande qu’autre chose tandis que nous, on n’essaye pas de faire de la propagande. Un journal, ça doit présenter tout ce qui se passe dans la ville, tu vois. La braderie, parler de la Braderie, c’est pas faire de la propagande pour la Ville de Lille ni pour Martine AUBRY mais pourtant, pourtant, ça participe de la bonne renommée de la Ville. Lille 2004, Lille 3000, tu vois, hein, lorsqu’on met en valeur sur deux pages Roger SALENGRO, le tournage de BOISSET, on parle de la politique, on ne parle pas que d’un téléfilm avec des acteurs, tu vois. C’est une position, on évoque un maire, on évoque un problème politique, une rumeur qui a mal dégénéré, un suicide, etc. Bon, c’est quand même de la politique, tu vois.

Pierre : Comment Lille Magazine est-il perçu par les lecteurs ? Il n’y a jamais eu d’études de lectorat, je crois ?
G.L.F. : Non, il n’y a jamais eu d’enquête parce que bon, ça coûte cher, tu sais très bien, tu as côtoyé suffisamment Patrick ces derniers mois. Il nous manque des sous. Alors, comment c’est perçu ? Il y a plusieurs moyens de vérifier. D’abord, il y a les gens, et ils ne sont pas si nombreux que ça finalement, qui râlent parce qu’ils n’ont pas eu le journal dans leur boîte aux lettres. Et ça, le problème de la diffusion d’un journal municipal, c’est un problème éternel, et pour toutes les villes, parce qu’il suffit que ce soit papa qui rentre deux heures avant sa femme, qui jette le journal et que la femme elle ne l’a pas vu. Le jour où tu fais le sondage, c’est la femme qui dit : « Ah bah non, je ne le reçois jamais ! ». Son mari, il le planque ou il le jette. Ou alors, c’est le gamin qui rentre à 16h30 du lycée et qui prend le courrier dans la boîte aux lettres, il met le courrier pour ses parents et puis tout le reste, il considère que c’est du prospectus puis il jette. Tu peux jamais avoir, tu vois, une vision juste de la distribution. Bon, c’est un premier moyen de contrôle, c’est de compter tous ces gens qui nous appellent parce qu’ils ne l’ont pas eu. Bon, deuxième moyen, c’est ici en mairie, André va arriver tout à l’heure, il va mettre des exemplaires en mairie. Tu vois tout de suite si ça part ou si ça part pas. Donc, tu sais déjà si la couverture elle est aguichante ou pas. Quelques fois, il nous est arrivé, André, il remettait un petit paquet de 50 tous les deux jours. Quelques fois, peut-être cet après-midi, avant qu’il ne reparte chez lui, il va devoir remplir son chariot trois fois. Donc tu vois, on vérifie comme ça. Après, on vérifie aussi par le nombre d’information et, ou d’invitation que nous recevons. C’est-à-dire qu’on est considéré comme un média à part entière et qu’on reçoit au même titre que la Voix du Nord, toutes les informations. Je ne te parle pas des informations municipales, là c’est quand même plutôt normal, quoi. Je te parle de l’extérieur. C’est comme le numéro qui est paru aujourd’hui parce que bon, Fanfreluche est une initiative de Sabrina , les gâteaux, c’est une initiative de Sabine. Mais autrement, on est quasiment averti systématiquement d’une ouverture de commerce, d’une asso, et tout. On est sollicité, téléphone, mail, courrier, et tout et donc je pense qu’il y a un impact, Lille Magazine est connu, reconnu dans la Ville. Il peut apparaître en tant que sponsor dans différentes manifestations, tu vois, par exemple y’a des affiches où le logo apparaît, les grandes affiches dans la Ville « Lille Magazine, un magazine essentiel pour une ville capitale ». Donc, je pense que c’est connu, reconnu. Et puis, on reçoit aussi, quand même, un petit peu de courrier des gens qui veulent faire passer des infos, tu vois.


Pierre : Il y a déjà eu des droits de réponse ?
G.L.F. : Non. Dans l’histoire du journal ? On a eu quelques petits problèmes au niveau des photos. Maintenant, on fait très gaffe. Chaque photographe demande les autorisations aux parents, y compris lorsque les parents inscrivent leurs gamins à des centres de loisirs ou autre. On a eu un problème une fois avec quelqu’un qui connaissait trop bien la loi à mon avis pour savoir qu’il pourrait gagner un petit peu de pognon, hein donc tu vois. On a réussi à s’arranger avec. Et puis après, on a eu une fois un truc vraiment malheureux, c’est des parents qui sont arrivés dans les bureaux en pleurs. On avait publié une photo d’archives d’un gamin qui était décédé entre temps. Donc, dans ces cas-là, ce qu’on a fait, c’est qu’on a offert la photo, y compris la pellicule, à l’époque. On leur a fait un gros tirage et tout, tu vois. Ils étaient contents, fiers, tu vois mais ça les a choqués d’ouvrir le journal et puis de voir ça… Donc maintenant, on fait un peu gaffe à ça. On essaye lorsqu’on doit prendre des photos de ne pas utiliser trop dans les archives. Parce que le gamin qu’on va photographier en ce moment, aujourd’hui au centre de loisirs, on ne sait pas s’il va se tuer demain. Si bien qu’on a trouvé un truc très simple, c’est pour toutes nos publications, on met les enfants du service. Comme on a un service jeune qui fait des enfants, comme ça, ça ne pose pas de problème.


Pierre : Et comment les journalistes de Lille Magazine sont-ils perçus par les autres journalistes de PQR, notamment ? Quand vous êtes passé de la presse traditionnelle à la mairie de Lille, est-ce que vous avez senti une…
G.L.F. : Différence ? Ouais, à plusieurs domaines. D’abord, certains m’ont considéré comme « vendu », vendu au pouvoir local, hein tu vois, aux militants. Comme je travaillais déjà pour, avant mon petit intermède Voix du Nord, j’étais au Matin du Nord, Matin de Paris, tu penses bien que c’est un journal de gauche. C’est comme si tu vois quelqu’un du Nouvel Obs’, tu vas pas penser qu’il est de droite, quoi. Travailler au Nouvel Obs’ ou qu’il devienne rédacteur en chef du Journal de Paris ou de la Ville de Lille, tu peux le comprendre, c’est un cheminement tout à fait normal, quoi. Donc, y’ a eu ça. Y’a eu, autre réaction. C’est pas scientifique ce que je te dis, c’est vraiment par rapport à mon expérience. Y’a eu des gens qui m’ont dit
« T’es vendu », d’autres qui m’ont dit « Putain, t’as de la chance, tu travailles à Lille, tu n’as plus la route à faire », tu vois. Et d’autres qui m’ont dit, non pas au niveau de la route, « Tu peux tout faire », comme on était que 3, 4 à l’époque à la mairie. Tandis que quand t’es localier à Denain, pour que tu deviennes responsable de la rubrique théâtre, dans l’édition Voix du Nord Métropole, je vais te dire que t’as du chemin à faire. Non mais c’est vrai, tous les postes sont pris. L’avantage du journaliste soi-disant territorial, c’est que c’est une petite équipe pour faire un journal et que tu peux tout faire, tu vois. Tandis que quand t’es localier, t’es localier faits divers, tu t’occupes, je sais pas des syndicats, de la vie municipale. Tu suis la vie municipale de la ville de Valenciennes, tu ne fais que ça. Tu vas pas faire le théâtre… Tandis que nous, en dehors des faits divers qu’on ne fait jamais, alors que c’était une chose qui m’avait amené dans le métier au départ, on peut tout faire. Tu vois bien, toi en tant que stagiaire que tu as pu t’appliquer dans des sujets plutôt intéressants, quoi. Tu serais à La Voix du Nord, je vais te dire, on te demanderait de rédiger des communiqués, des trucs comme ça. A Nord-Eclair, un peu mieux parce qu’à Nord-Eclair comme c’est une petite équipe et que tout le monde peut pas tout faire, tu vois. Donc, t’as vu ton copain et ta copine de Sciences Po, ils ont eu quand même des sujets intéressants mais c’est pas évident. Si t’es stagiaire, moi j’ai connu la fille d’un pote qui était au Monde, elle a fait, c’était il y deux ans, elle a fait un stage de 5 mois au Monde, elle a réussi à placer un papier, un papier signé. Tu vois, tout le reste du temps, on lui faisait faire des brèves en 5 lignes, qui la plupart du temps ne paraissaient pas faute de place. Un seul papier en 5 mois ! Alors, comment t’es perçu ? Après, bon ben dans la mesure où c’est toujours pareil le métier de journaliste, c’est un métier de relationnel, quoi. Les gens ils se connaissent, ils s’apprécient, ils se détestent, ils se méfient des uns des autres et tout. Mais finalement, ils se reconnaissent, c’est une espèce de corporatisme malgré tout dans la profession, c’est-à-dire tu travailles pour La Voix du Nord, Nord-Eclair, Lille Magazine, pour la Chambre de Commerce pour le magazine Face, voilà quoi tout ça. Finalement, tu te retrouves ensemble sur des coups, tu bouffes ensemble, tu parles boulot ensemble. Et tout ça, donc finalement, on oublie après le titre pour lequel on travaille, tu vois. On n’est pas journaliste de Lille Magazine, on est journaliste à Lille Magazine. C’est ça la différence, tu vois. J’ai jamais dit « Moi, je suis journaliste de La Voix du Nord ». Je suis journaliste à La Voix du Nord. D’abord, tu es journaliste et puis après tu l’es en fonction du titre et du travail que t’as trouvé, quoi.


Pierre : On dit souvent que la presse territoriale manque de liberté, qu’il y a de la censure ou de l’autocensure. Finalement, de leur côté aussi il y a de la censure…
G.L.F. : Ils ont complètement de la censure, tu penses bien ! Ils peuvent…, ils s’autocensurent et ils sont encore plus flagorneurs que nous, tu vois. Ils sont toujours dans le sens du pouvoir, moi je l’ai vu à Denain, quand j’étais à La Voix du Nord. Une municipalité communiste, on était communiste. 25 km plus loin, à Valenciennes, une municipalité à l’époque RPR, tout le monde était RPR. Tu vois, on est toujours dans… Nous, on se pose jamais la question de savoir à qui on doit plaire. On a déjà un truc vachement bien, c’est qu’on n’a pas d’audimat. Les journaux sont payés par le contribuable, on a intérêt à lui plaire naturellement. Un journal qui perd des lecteurs, c’est un journal qui va devoir licencier, peut-être fermé. Nous, on n’a pas ce souci économique-là. On est débarrassé de ce souci économique. Les journaux de PQR bien sûr, ils ont vu, enfin maintenant je pense que les jeunes journalistes sont habitués parce qu’eux-mêmes, ils ont lu quand ils étaient dans leur famille, à la maison avant de devenir des journalistes, des journaux municipaux. Tandis que les plus anciens, je me souviens qu’ils avaient peur qu’on leur fasse de la pub, tu vois c’est toujours la même chose. Après, le débat, il s’est reproduit dix ans plus tard avec la presse gratuite. C’est toujours cette peur qu’on va leur prendre des parts de marché, que tu vois, ils ne sont plus hégémoniques, ils se montent le col en disant qu’ils sont eux libres, indépendants et tout, ce qui n’est pas vrai non plus, tu vois. Eux, ils ont d’autres contraintes, je vais te dire, l’argent et il faut pas déplaire non plus au notable du coin. Nous, c’est vrai que tout ce qui est un peu polémique, on ne le traite pas d’une certaine manière. S’il y a malheureusement un fait divers à Lille, on ne va pas en parler, tu vois. On ne parle pas de problèmes de justice, tout simplement parce qu’on est mensuel, quoi. Tu peux pas, tu peux pas résumer comme ça des faits divers aussi facilement dans un mensuel.


Pierre : Existe-t-il une clause de conscience en cas de changement de majorité ?
G.L.F. : Y’a pas dans les textes véritablement de clause de conscience. De même qu’on n’a pas la carte de presse, on n’a pas la commission paritaire, c’est évident que si la mairie passe à droite, je serais démissionnaire forcément. Et de toute manière, je suis connu sur la place lilloise comme étant quelqu’un qui travaille pour Pierre MAUROY et Martine AUBRY maintenant. Donc, je vais te dire, y’a personne qui se fait d’illusion sur moi, quoi. Je peux pas leur dire « Vous savez, j’ai fait semblant pendant 22 ans en fait. En fait, je suis de droite ! ».


Pierre : Que pensez-vous de la reconnaissance de la carte, notamment, pour les journalistes territoriaux ? Carte de presse ou carte de presse spécifique ?
G.L.F. : Je pense plutôt une carte spécifique. Finalement y’a quand même la grande charte de déontologie et tout, tu vois. C’est un peu particulier, tu vois comme si… Le Nouvel Obs’, c’est un journal globalement de gauche, a priori tu peux être d’extrême gauche ou de gauche complètement modéré. Mais ils défendent les mêmes valeurs, les mêmes idées tout ça. Ca fonctionne plutôt bien et à ça peut être le ciment, bon. Là, c’est quand même, dans le presse territoriale, on pourrait être associés, tu vois. C’est un peu ce qui fonctionne avec le Club de la presse à Lille. Moi, je suis membre du Club de la presse mais je suis membre associé, tu vois. J’en ai longuement discuté avec l’ancien président, qui était un journaliste de Liberté, donc communiste, donc un journal d’opinion. Comme pour moi avec Lille Magazine, je peux dire que c’est un journal d’opinion, aubryste. Hé bien, il me disait « Moi, je suis un journal vendu », tu vois. Donc, tu sais finalement la carte de presse, ça sert pas à grand-chose, à part rentrer gratuitement au musée. C’est tout ce que tu peux avoir comme avantage. Le dégraissement fiscal, tu l’as même si t’as pas la carte de presse à partir du moment où tu justifies que tu travailles pour un journal à tel point que le directeur de publication du journal gratuit ParuVendu, hé bien il est considéré comme journaliste. Parce que c’est lui qui dirige ce journal-là. Au niveau fiscal, t’as pas beaucoup d’avantages. Journaliste de presse territoriale, membre associé, tu vois. Carte de presse ? Oui, pourquoi pas ! Carte de presse, en dehors d’avoir l’accès gratuit au musée, c’est rare qu’on te le demande pour justifier ta qualité.


Pierre : Comment situez-vous Lille Magazine dans la communication de la Ville ? Est-ce un outil essentiel ?
G.L.F. : Moi, je pense que ça reste le navire amiral de la communication. Et je pense, encore une fois, que c’est pas lillois, dans toutes les villes c’est comme ça, quoi. Quand Internet sera beaucoup plus développé, j’ai encore écouté une émission de radio hier disant que les français étaient 12 ème au niveau des pays européens et qu’un foyer sur deux avait Internet. Quand tout le monde aura Internet, je pense que le site aura encore plus d’importance. Mais, pour l’instant, malheureusement, ça reste le papier ! Et encore, tout le monde ne lit pas. Si tu savais le nombre de personnes qui ne lisent pas. Ou qui ne comprennent pas. Ou parce qu’on était trop compliqué. Nous, on ne peut pas dire, nous on n’a pas de ménagère de moins de 50 ans. Y’a pas de créneau 15-25 ans, tout ça, tu vois. Lille Magazine, ça va dans toutes les boîtes aux lettres, ça rentre chez les gens. Ca peut être lu par le grand-père, par l’ado de 14 ans ou par les parents de 35 ans, tu vois. On peut pas dire « Nous, on a ce créneau-là et on s’y tient ». On est obligé… Non seulement ça, ce serait encore discriminatoire si par exemple le concitoyen de 85 ans n’avait pas le journal alors que celui de 21 ans, il l’a, tu vois. On doit s’adresser à tout me monde, à égalité. Ca reste un service public. Le tout, c’est d’avoir dans sa ligne éditoriale le souci de penser à l’un et à l’autre au moins une fois dans l’année, tu vois. C’est pour ça par exemple, c’est un exemple des quartiers. Tu vois bien, Valérie, elle ne fait pas les dix quartiers lillois chaque mois. Mais elle essaye de faire en sorte que dans l’année chaque quartier soit au moins une fois traité, tu vois. Et je pense que c’est un peu ce qu’on doit faire aussi, c’est-à-dire un jour parler des vieux, une autre fois d’un groupe de rap, une troisième fois de l’opéra, de l’opérette, de n’importe quoi, tu vois. Pour que les gens, ils se disent « C’est un journal qui m’interpelle et qui s’occupe de moi ». Et, il faut pas oublier, ce que tu disais tout à l’heure comment on est perçu, tu sais qu’un journal gratuit, ça un impact fort. Y’a plein de gens qui n’achètent pas de journaux. C’est lu, moi je le sais bien avec mon expérience à Métro depuis le début à Lille. Y’a plein de gens que je n’avais pas vu tout ça depuis des années qui me parlent de mes articles, ils me citent des papiers, des trucs comme ça, tu vois. J’ai plus d’impact avec Métro que j’ai quand j’écris un papier dans Lille Mag’ déjà. Et donc, ça veut dire que les articles sont lus. Moi aussi, je prends encore le métro, je vois bien que les gens ont ça et donc, à la maison, ils ont Lille Mag’, ils ont ParuVendu, ils sont tout ça. Et c’est pas pour autant qu’ils achètent La Voix du Nord ou Nord-Eclair, c’est hyper rare, hyper rare. Ca peut coûter cher sur un budget. Moi, hier, j‘étais à Boulogne. Première chose que j’ai faite en arrivant à Boulogne, c’est d’acheter la Voix du Nord, c’était l’édition de Boulogne. J’avais donc les pages régionales et nationales. Et puis, j’ai acheté… Bon, ça me coûte 3 euros mais bon, c’est pas grave parce qu’ici j’ai les journaux gratos. Donc, une fois de temps en temps… Je serai incapable de vivre sans journal, moi, c’est une habitude comme ça. Je vais en vacances en Bretagne, j’achète le journal local et j’en ai besoin. Et c’est vrai que les gens, s’ils peuvent avoir… Et après, on peut se poser la question : est-ce qu’un journal finalement, ça ne devrait pas être que gratuit ? La télé, elle est quasiment gratuite parce que les gens oublient qu’ils paient leur redevance. La radio, elle est gratuite, entièrement. Internet, c’est gratuit. C’est pour ça, moi, j’en ai discuté avec Didier POURQUERY qui avait lancé Métro, qui est maintenant Directeur délégué à Libé, il voulait faire un journal populaire d’information comme Le Parisien qui était plutôt bien fait, Aujourd’hui en France est plutôt bien fait, à 30 centimes d’euro. Il pouvait casser le marché. C’est-à-dire que là, les gens allaient facilement acheter…
Qu’est-ce que j’ai comme souvenir ici par rapport à Lille Mag’ ? Ouais, c’est ça, pendant un temps, les plus anciens des journalistes de La Voix du Nord, qui sont aujourd’hui en retraite, craignaient la concurrence et craignaient qu’on fasse de la publicité. C’est pour ça qu’on a jamais fait de publicité, c’est difficile à gérer, tu vois. Car il faut un gars qui fasse les démarches, après c’est très compliqué parce qu’ils veulent dire « Ouais, mon client, il veut avoir sa pub à tel endroit et tout ça, je lui ai promis, allez, je t’en prie… », tu vois, t’es plus maître de ta maquette. Et après, il faut gérer ça financièrement, c’est-à-dire qu’il faut avoir une régie, il faut encaisser, un secrétariat qui fasse des factures… C’est trop compliqué. Après, on peut trouver une deuxième solution, c’est faire externaliser tout ça, c’est-à-dire par exemple, je travaille avec Scoop Communication, tu vois, on pourrait très bien dire on fait 40 pages, on a le droit à un tiers de pub donc 12/13 pages. A vous Scoop Communication de nous trouver tous les mois 12 pages. Après, y’a toujours un peu de racket, moi j’ai vu comment ça se passait, c’est-à-dire démarcher de la pub : les mecs, ils voyaient un patron de bistrot en lui disant « Vous savez, Madame le maire, elle va pas être contente, elle va vous supprimer l’année prochaine, votre droit à la terrasse, tout ça, si vous lui achetez pas une pub », tu vois. Après, tu peux pas contrôler les mecs, ils font ça aussi. « Vous voulez une nouvelle terrasse, tout ça, achetez une pub dans le magazine municipal, le maire, il va peut-être étudier votre dossier ». Tu vois, les mecs, ils sont payés à la commission, ils sont pas comme nous. Alors, moi, je pense qu’un journal municipal débarrassé de la pub, y’en a suffisamment ailleurs. Qu’au contraire, les gens qui ont besoin d’annoncer, qu’ils aillent voir la PQR et autres. Et puis que nous, la presse municipale, quelle qu’elle soit, elle ne soit pas payée par la pub. Comme ça, au moins c’est clair et net. Si Sabrina a fait Fanfreluche, c’est parce qu’on trouve que l’initiative, elle est intéressante. Si on parle des gâteaux bios de la rue du Peuple, c’est simplement parce que c’est la première fois qu’une pâtisserie bio ouvre à Lille. C’est une initiative. Si on met ça en valeur, c’est parce qu’on pense que c’est d’abord une information. Après que le gars, il ait les retombées économiques et tout, peut-être il va en avoir des retombées immédiates, c’est pas pour autant que dans 6 mois, ce sera pareil. Si ces gâteaux sont dégueulasses, tu vois, c’est sympa le papier de Sabine, je vais aller goûter un gâteau. Si tu les trouves dégueulasses, tu vas pas y retourner, tu vois.


Pierre : Le développement de la presse en ligne ?
G.L.F. : Ce qui est bien, c’est que si l’année prochaine, tu t’en vas à l’étranger ou tu quittes la région lilloise, tu pourras continuer à lire, chaque mois, en ligne Lille Magazine grâce au site de la Ville. Il faut tenir compte de, je ne sais pas combien ils sont, 10 à 15 % des gens qui touchent jamais au papier et qui sont fondus d’Internet. Il faut pas les mettre à l’écart. C’est comme les gens qui sont aveugles, tu leur mets une version en braille de Lille Mag’ ou une version parlée sur le site. Ce qui est nouveau avec le Net, c’est l’absence de contrainte texte. Là, tu vois, si tu veux interviewer Yves BOISSET pendant trois jours, hé bien tu peux mettre trois jours d’interview. On n’est pas limité, c’est quand même bien. […] On s’implique de plus en plus dans le Net. Quand tu vois les scoops, ils sont publiés d’abord par les sites internet. Y’a pratiquement plus de scoops papiers, je vais dire, c’est un peu compliqué. Tu t’aperçois […] de plus en plus, les journalistes qui veulent faire des scoops, ils vont les faire sur Internet. Il va pas attendre jeudi matin, à la sortie du Nouvel Observateur, tu vois. Mais c’est pas la même chose, ce n’est pas le même lectorat, ce n’est pas la même écriture. Je ne sais pas quels sont exactement les critères. Est-ce que tu peux transmettre un texte écrit sur Internet ou s’il faut écrire autrement ? Mais c’est obligatoire maintenant. […]
Le souci de l’instantané, ça a toujours existé. Par exemple, après guerre, France-Soir sortait sept éditions par jour, sept éditions. Y’avait un titre à 4h du matin, ils en parlaient à 7h du matin, après ils apprenaient que le tueur avait été arrêté à midi et il changeait à 17h, et puis y’avait des gens qui vendaient le journal dans la rue, à la criée. La presse avait déjà ce type de traitement : Libération, tu vois, ils font 2 éditions : une première édition qui paraît à 5h du matin et une 2ème édition un peu corrigée, un peu mieux travaillée qui paraît à 8h du matin. Avec Internet, les journalistes peuvent changer l’info en permanence.


Pierre : Et le rapport entre Lille Magazine et le site de la Ville de Lille ?
G.L.F. : Il faudrait savoir comment les personnes perçoivent le site de la Ville de Lille : est-ce qu’ils le perçoivent comme un journal ? Les gens, ils considèrent plus que c’est un outil pratique pour savoir où je dois m’adresser pour déclarer mon gosse, comment je dois faire pour publier les bancs de mariage, des trucs comme ça, quoi. Faire apparaître mairie-lille.fr comme étant un journal qui donne de l’information municipale, c’est pas encore forcément dans la tête des gens. Par exemple, je vais aller à Toulouse, en vacances, la semaine prochaine, ça m’étonnerait que je regarde le site de la Ville de Toulouse. Je me renseignerai en achetant l’édition du journal local, en allant à l’Office du tourisme, en récupérant quelques plaquettes, en téléphonant pour avoir une adresse d’hôtel. C’est pas forcé que j’irai sur le site de cette ville. Je sais que là, en ce moment, notre site, il est consulté surtout par des gens qui veulent se renseigner sur la braderie. Moi, si je vais au festival d’Avignon, je vais pas taper avignon.fr, j’irai au festival, je me renseigne par ailleurs, tu vois. C’est aussi peut-être que moi, je suis un vieux, hein ! Non mais c’est vrai, on n’a pas trop les mêmes habitudes […]


Pierre : Quelque chose à rajouter sur les journaux territoriaux ?
G.L.F. : Bah, ça coûte pas très cher ! Je crois que grosso modo, notre journal (tout le monde ne paie pas des impôts) coûte un euro par jour pour le contribuable lillois. Donc tu vois, et c’est indispensable. C’est vrai, ça te permet d’avoir une vision globale sur ce qui se passe dans la ville sur un mois, quoi, parce que pour savoir ce qui se passe en ville, si t’es pas un lecteur de la presse payante, s’il n’y avait pas Lille Magazine ou autres publications, brochures, plaquettes et autres…je vais te dire, il faudrait lire La Voix du Nord attentivement en permanence !


(Interview réalisée par Pierre Leduc et extraite du mémoire "Presse municipale : des journalistes comme les autres ? L’exemple de Lille Magazine.")

Interview de Bertrand de Talhouët (ex-Pdg de La Redoute)

Ayant particulièrement suivi l'édition 2008 des Transphotographiques, j'ai eu l'occasion d'interviewer Bertrand de Talhouët, Président du festival. A l'époque, il était encore Pdg du groupe La Redoute. Le thème 2008 des Transphotos, la Mode, lui était donc quelque peu familier...



« Le festival est un hommage
à la reconversion de l’industrie
textile régionale. »



Bertrand de Talhouët assure, depuis quatre éditions, la
présidence du festival des Transphotographiques. Rencontre.

Lille Magazine : Pourquoi vous êtesvous
engagé dans ce festival ?

Bertrand de Talhouët : C’est à la suite
de ma rencontre, en 2005, avec Olivier
Spillebout, directeur de La Maison de
la Photographie, que j’ai accepté la
présidence des Transphotographiques.
Sensible à l’art photographique, l’esprit
« authentique » du festival m’a, de suite,
séduit par sa dimension transfrontalière,
qui permet les croisements culturels, et
par sa politique culturelle ambitieuse
visant à rendre accessible la photographie
au plus grand nombre. Ma modeste
participation consiste à faire en sorte que
le festival continue à grandir année après
année en développant, notamment, les
partenariats.


Lille Magazine : Le thème 2008 doit susciter
en vous un intérêt particulier ?

Bertrand de Talhouët : Bien entendu !
Ce qui est intéressant dans les « Transphoto»,
c’est de pouvoir associer des
thèmes transversaux : après le territoire
et le cinéma, le festival propose un regard
croisé sur la mode et la photographie. En
tant que médium éminemment contemporain,
la photo fixe des arrêts sur image de l’univers,
par nature éphémère, de la mode, ce qui
permet de créer des projections ou de
raconter des histoires.


Lille Magazine : Qu’en est-il de la programmation
cette année ?

Bertrand de Talhouët : À l’instar de l’édition
2007, on a décidé de renouveler le
« multi-commissariat » qui assure un plateau
large d’artistes et d’approches dans
les liens entre « Mode&Photographie »
à travers une quarantaine d‘expositions.
En 2008, les « Transphoto » ont encore
la primeur nationale de certaines expositions
comme « Rétrospective » de
Daniel Seidner accueillie au Palais des
Beaux-Arts ou « One Man Shown » de
Karl Lagerfeld au Tri Postal. Par ailleurs,
le festival bénéficie, cette année, du
partenariat extraordinaire du magazine
PHOTO, magazine de référence distribué
dans 70 pays. C’est à notre capacité à
faire venir les plus grands artistes et à
intéresser les plus grands magazines que
se perçoit la reconnaissance des
Transphotographiques.


Lille Magazine : Comment ce festival de
dimension européenne s’inscrit-il dans
notre région ?

Bertrand de Talhouët : À mon sens, les
« Transphoto » viennent amplifier le
renouveau culturel de Lille et de la région.
À côté des grands événements qu’ont été
Lille 2004 et Lille 3000, il était important
de poursuivre la montée en puissance du
festival dont les thématiques traversent
chaque année, de mai à juin, l’ensemble
de notre territoire, colorant ainsi la vie
culturelle régionale. En outre, cette
année, le choix de thématique permet
de revitaliser l’histoire du Nord - Pasde-
Calais, terre de textile. En accueillant
des expositions dans des lieux tels que
la Condition Publique, ancienne usine de
conditionnement de laine ou la Maison de
Mode de Lille, le festival offre, de la sorte,
un vibrant hommage à la reconversion de
l’industrie textile régionale.


Propos recueillis par Pierre Leduc (Lille Magazine n° 49,
mai 2008)