mercredi 1 septembre 2010

"Mot Dit" du jour (22)


« Je subis depuis deux-trois mois une sorte de lapidation médiatique assez impressionnante »

(Eric Woerth, leParisien.fr, 30/08/2010)


Après quelques semaines de vacance(s), « Mot Dit » Blog revient ! Et pour redémarrer la nouvelle saison de MDB, quoi de mieux qu’un « Mot Dit » du jour ! Un « Mot Dit » du jour qui, si on suit parfaitement le timing de l’actualité médiatique, est de fait le véritable « Mot Dit » de la rentrée. Ainsi, c’est une déclaration du j’ai nommé Eric Woerth, Ministre du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique, qui va être analysée par la plume de votre serviteur. L’affaire Woerth-Bettencourt (1) fut le feuilleton à succès de l’été. Malgré le ministre, cette affaire à rebondissements connaîtra-t-elle un été indien médiatique ?


Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Eric Woerth n’y est pas allé de main morte pour marquer d’une pierre blanche la rentrée médiatique ! Le protégé de Nicolas Sarkozy n’a pas lésiné sur la métaphore pour exprimer son sentiment sur la répercussion médiatique de l'Affaire qui porte son nom. Se sentant traqué par la presse, Eric Woerth subirait ainsi une « lapidation médiatique ». Rien de moins ! Au moment où les projecteurs des médias se braquent, entre autres, sur le destin d’une jeune femme iranienne, Sakineh Mohammadi-Ashtiani (2), condamnée à mort par lapidation pour adultère, user d’une telle comparaison linguistique est osé, pour ne pas dire inconséquent. Certes, le
« une sorte de » nuance le propos lapidaire, en quelque sorte ( !), d’Eric Woerth mais sur le fond, la déclaration reste maladroite.

Le ministre n’en a cure et ajoute même que « Tout cet acharnement, c'est fait pour tuer. » ! Le site indépendant d’information Médiapart lui avait, en effet, jeté la première pierre le 16 juin dernier, c’est ensuite toute la presse, voire la justice, qui lui ferait subir les derniers outrages ? Ben, voyons ! En France, c’est bien connu, on ne s’embarrasse pas de cailloux ou de pierres, on balance carrément des pavés ! Mais dans cette louche affaire Woerth-Bettencourt, au mieux la « lapidation médiatique » s’apparente à l’écriture de quelques pavés dans les colonnes de la presse française. Pas grand-chose à voir donc avec les cailloux iraniens qui eux, soyons-en sûrs, tuent…

Evoquant une « chasse à courre » où il serait le « cerf », Eric Woerth trouve dans son acharnement médiatique subi des analogies avec la vieille histoire
« Markovic » (3) qui éclaboussa à l’époque, mais sans le tuer, le futur président de la République Georges Pompidou. Son conseiller en communication aurait pu lui souffler les noms de Salengro et de Bérégovoy, véritables martyrs médiatiques, eux. Sans doute qu’Eric Woerth n'a pas voulu froisser l’opposition socialiste. Il s’est simplement contenté de faire outrage au bon sens du mot
« lapidation », et c’est déjà pas mal…




(1) http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Woerth-Bettencourt

(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Sakineh_Mohammadi_Ashtiani

(3) en 1968, Georges Pompidou est propulsé dans une scabreuse affaire après le meurtre de Stefan Markovic, ex-garde du corps d’Alain Delon(http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Markovic)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire